Depuis la dernière rentrée scolaire, la Seine-Saint-Denis se mobilise pour obtenir du gouvernement un plan d’urgence en faveur de l’Ecole publique.
Ce n’est pas une faveur qui est réclamée mais la fin d’une discrimination intolérable qui affecte le département métropolitain le plus jeune et le plus pauvre.
La rupture de l’égalité républicaine n’y est pas récente puisqu’il y a vingt-cinq ans, déjà une dotation supplémentaire de 3000 postes avait été arrachée par les luttes.
Celles qui se déroulent sans interruption depuis le mois de septembre sont remarquables de détermination et d’unité. Elles associent profs, parents, lycéens et élus, au-delà des clivages politiques habituels.
Ici, Bardella, qui rappelle volontiers qu’il en vient, n’a pas réussi à faire son trou. Tous les députés se sont fait élire sous le drapeau de feu la Nupes.
Le mouvement revendicatif s’ancre dans les communes pour parcourir les lieux de pouvoir et d’exposition médiatique. Il a déjà rendu visite, en masse, au ministère de l’Education nationale, à Matignon, à Bercy, au Stade de France.
Il menace, fort de ses traditions d’impertinence, de bousculer le bon déroulement des Jeux olympiques, cadeau offert comme une aumône qui ne change rien à la situation catastrophique réservée aux lieux d’enseignements et au sort des personnels, très majoritairement féminins et jeunes, qui y exercent avec un courage et un sens du devoir admirables.
Nous voulons obtenir satisfaction, point barre !
Ce ne sont pas les annonces d’un président de la République solitaire en campagne électorale qui abaissent le niveau de formation des nouveaux profs et les enferment dans une sous-filière qui nous décourageront, bien au contraire.
Le plan Langevin-Wallon, projet global de réforme du système éducatif, partie intégrante du programme de gouvernement du Conseil national de la Résistance (CNR), publié le 15 mars 1944, faisait déjà du plus haut niveau de formation universitaire de tous les enseignants de la maternelle à l'Université et de leur égale dignité, deux conditions majeures de la réussite scolaire de tous les élèves.
Quelle régression alors que des générations d'éducateurs ont mené ce combat auquel la FSU, pour une grande part, doit son existence !
Des formes novatrices d’actions sont inventées dans le 9.3.
Ce n’est pas le cas des initiatives conjointes d’écoles désertes, nées il y a bien longtemps, précisément en Seine-Saint-Denis, de l’intime coopération entre des militants de la FCPE et de la FEN qui avaient compris, contrairement aux dirigeants actuels du pays, qu’au lieu de les opposer, c’est à rapprocher parents et profs qu’il convient d’œuvrer pour la réussite de la formation de la jeunesse.
Des collègues du lycée Eugène Delacroix à Drancy, toujours en Seine-Saint-Denis, en démontrent l’efficacité. Ils ne sont pas les seuls dans le pays.
Mais puisque le vieillard que je suis ressasse ici ses souvenirs, il en est un qui me tient particulièrement à cœur.
Le jour où, dans un meeting à la Porte de Pantin, à la gloire de l’eurocommunisme, auquel participait Enrico Berlinguer, Georges Marchais salua l’action elle aussi inédite que menaient les institutrices et instituteurs du département pour s’opposer au gouvernement de l’époque qui avait décidé de jeter comme des Kleenex les enseignants contractuels auxquels nos enfants devaient tant.
Le pouvoir dut reculer.
C’était le 3 juin 1976.
Paul Laurent prit aussi la parole. Je suis persuadé que l’ami Bernard Vasseur s’en souvient également.
Les pages nouvelles qui continuent de s’écrire dans le 9.3 ne sont pas nées de rien. Elles défrichent des chemins d’avenir, à contre-courant des idées dominantes de la bourgeoisie et du bon sens auquel tient tant le monarque actuel et qui, malheureusement, est mis à l’honneur de la première affiche de campagne du jeune Léon.
Il espère devenir ainsi « Léon de Bruxelles », ce que nous lui souhaitons et qui avait été refusé à Ian Brossat, malgré une si belle campagne électorale. Ian peut aujourd’hui se consoler au Sénat et dans ses nombreuses apparitions médiatiques.
Juste retour des choses ?
Ici, un long lien à copier/coller dans votre ordinateur pour une seule photo.
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