Pour moi, il restera l'acteur qui a atteint l'ambition suprême de sa profession : ne plus jouer, mais tout simplement être.
Naturel, comme s'il sortait chaque fois qu'il tournait de sa salle de bain, après avoir entendu le clap du réalisateur. Ce que Claude Lelouch, qui a tourné quatre films avec lui, très ému, a exprimé en ces termes : "Jean-Paul déconnait tout le temps, jusqu'au clap. Instantanément, il était le personnage. Il ne le jouait pas".
Quant à l'amnésie quasi générale qui concerne ses responsabilités syndicales à la CGT, elle évoque, à mes yeux, ces pratiques, fréquentes en URSS et ailleurs, qui consistent à faire disparaître d'un tableau de maître un personnage qui n'est plus dans "la ligne".
L'oeuvre d'art, c'est celle de Bébel, immense et populaire. Quant à la pratique, elle est, aujourd'hui et en France, l'expression banale d'une haine de classe, qui poursuit un artiste jusqu'après sa mort.
Il va recevoir un hommage national aux Invalides. Je m'en réjouis et j'espère que le président de la République aura à coeur de rappeler que Jean-Paul Belmondo a aussi été président comme lui, président du syndicat CGT des acteurs. Des millions de nos citoyens pourront ainsi l'apprendre, avec surprise, de la bouche du président de la République, puisque ceux dont c'était la responsabilité de le faire avaient failli dans leur mission d'information.
Je sais que je ne vais pas me faire que des amis en écrivant cela, mais j'ai l'habitude.