La stabilité des gouvernements est devenue l’ambition suprême de tous les partis politiques qui n’ont plus pour raison d’être que la conquête du pouvoir d’état.
Jusqu’ici, elle permettait d’identifier les formations qui le détenaient ou le voulaient à n’importe quel prix. Peu à peu, la recherche de compromis s’est substituée aux conditions qui permettraient que les changements tant espérés soient réels et durables. L’Allemagne est devenue le modèle à atteindre. Il est vrai que comme chez nous l’extrême droite est en passe de devenir le premier parti dans la nation qui a connu la Shoah fasciste.
Peu importe, un consensus qui irait du RN à LR, en passant par le PS, le PCF et les Verts permettrait à chacun d’avoir des ministres, assurerait une majorité au Parlement et une stabilité à nulle autre pareille.
La consultation des électeurs deviendrait dès lors superfétatoire. Tout pourrait se régler hors des élections en abandonnant le retour au peuple à Sarkozy, Le Pen ou Mélenchon, dans un entre-soi responsable qui dégagerait les responsabilités de chacun et de tous. Ils n’en attendaient pas tant.
Beaucoup de citoyens estiment à juste titre que la sortie de la profonde crise que traverse le pays ne se fera pas avec des compromis dans l’Assemblée nationale. Elle n'est autre que celle, mondiale, du capitalisme à laquelle Donald Trump apporte sa réponse autoritaire sans foi ni loi.
Aux plus anciens, cela rappelle trop la IVe République. Les plus jeunes ne voient pas pourquoi les mêmes recettes ne produiraient pas les mêmes effets.
La purge Bayrou est non seulement injuste. La moitié de purge d’Olivier Faure tout autant. L’une et l’autre réduiront la consommation et les capacités d’investissements publics comme privés. Or l’école, l’hôpital, les services publics, les PME, la transition écologique, l’entretien des infrastructures, les communes, le spectacle vivant, la culture en ont un grand besoin. Les faillites d’entreprises se multiplient. Le tissu industriel continue de se dégrader. La création artistique, le sens de la vie seront bientôt supplantés par l'Intelligence artificielle si le dérèglement climatique en laisse le temps. Celui du monde agricole, déjà en crise voit arriver les conséquences du Mercosur avec beaucoup d’inquiétudes.
Le comble n'est-il pas de voir celles et ceux qui n'en peuvent plus du mépris qui les accable être accusés d'être manipulés, un jour par le RN, le lendemain par LFI ?
Face à cela, céder aux exigences de Donald Trump, acheter toujours plus d’armes aux USA, réduire d’autant les crédits publics, préparer une guerre mondiale est criminel. Est-ce trop radical de le dénoncer ?
La question de la construction d’un projet unitaire alternatif de rupture avec les choix effectués ces dernières décennies, tant au niveau national qu'à celui de l'Union européenne, reste entière. Elle n’est pas principalement électorale. Elle suppose un processus démocratique à participation citoyenne qui inclurait celui d’un changement de Constitution. Ceux qui se réclament du respect des institutions se réfèrent à des règles au bout du rouleau et de moins en moins observées. C’est dire le fossé qui sépare les microcosmes politiques, médiatiques de la vie de nos concitoyens. Les deux, leurs connivences sont mis en évidence par un enregistrement auquel participent deux éditorialistes du service public et deux dirigeants du PS. Il inonde les réseaux sociaux. Impossible de dire que nous ne savions pas.
Un jeune de couleur est tabassé, humilié en Seine-Saint-Denis. Par chance, cette fois la scène a été filmée. D’autres pourraient l’être car les jeunes de mon département sont souvent victimes du racisme de policiers en manque de formation et de déontologie républicaine.
Stop ou encore ? Si c’est encore, l’extrême droite occupera l’Elysée. Certains la voient déjà à Matignon. Son soutien sans faille du gouvernement l’a préparée. Elle va pouvoir renforcer son implantation locale grâce à la division de la gauche aux prochaines élections municipales.
Beaucoup de nos concitoyens ne sont pas qu’en colère, ils sont excédés. Et François Bayrou parle, parle encore, parle toujours de la dette alors que comme ministre, comme député ou inspirateur d’Emmanuel Macron il a approuvé tout les choix politiques qui l’ont créée.
Ma dette devrait-il dire sur tous les plateaux de télé au lieu de nous en attribuer la responsabilité. En quoi les salariés, les retraités qui sont à cinq ou dix euros chaque fin de mois seraient-ils responsables ? En quoi les étudiants qui pour se nourrir doivent compter sur les Restaurants du cœur ou sur le Secours populaire auraient-ils la moindre responsabilité dans la crise de régime que traverse le pays ? Sans parler de ces mères qui avec leurs enfants dorment dans les rues. En quoi les assistés des grandes multinationales, les détenteurs d’actions et de gros patrimoines, les PDG aux salaires mirobolants n’y seraient-ils pour rien ? N’y aurait-il au pays des Lumières, de la grande Révolution qui a éclairé le monde, de la Commune de Paris et de mai 1968 que Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon qui feignent d'être préoccupés par la crise démocratique bien réelle dans laquelle deux quinquennats d’Emmanuel Macron ont plongé notre belle France ?