L'activité politique telle qu'elle est devenue tue la politique. Les citoyenne et les citoyens s'en éloignent de plus en plus.
S'ils sont jeunes, c'est encore plus évident.
Beaucoup s'investissent pourtant dans des activités qui montrent qu'ils ont du cœur, qu'ils s'intéressent à la chose publique, qu'ils sont sensibles aux souffrances humaines et disponibles pour s'engager au service de causes universelles. Ni plus ni moins que les générations qui les ont précédés.
La campagne électorale qui s'achève aura cloué tout cela au pilori comme jamais.
Y a été pratiqué à une grande échelle ce que je n'hésiterai pas à nommer un racisme électoral puisqu'on nous enjoint de mettre un nom sur les choses.
Comment qualifier autrement tout ce qui est dit de ceux qui recherchent le vote des jeunes des banlieues et des étudiants indignés par les crimes de guerre pratiqués à Gaza comme ils l'ont été par les massacres d'innocents israéliens commis par le Hamas le 7 octobre ?
A les écouter, il conviendrait, alors qu'une campagne électorale a pour vocation de rassembler des électrices et des électeurs sur des candidatures et des projets, de considérer les jeunes des banlieues ou qui fréquentent les facs comme des pestiférés.
Que ce racisme à l'encontre d'une partie de la jeunesse qui n'est pas née avec une cuillère d'argent dans la bouche soit développé à des fins politiciennes le rend encore plus intolérable.
Ceux qui le pratiquent sont très nombreux, présents dans toutes les sphères du pouvoir, dans la quasi totalité des partis politiques, dans tout le système médiatique. D'éminents politologues en ont été d'assidus diffuseurs.
Comme pour la connerie, ils seront les derniers à se rendre compte qu'ils ont peut-être contribué à obtenir le résultat inverse de celui qu'ils escomptaient.
Le venin qu'ils ont patiemment distillé, lui, continuera pendant des décennies, à miner notre société.
Que diront-ils, dimanche soir?
Sans doute, si un monstre, comme prévu, dont tous se sont prétendus le rempart, sort grandi des urnes, qu'ils n'y sont pour rien. Les autres en seront responsables.
Si les jeunes des banlieues et les étudiants sont allés voter, que cette jeunesse, décidemment, ne comprend rien.
Et les génies de la politique, quand comprendront-ils avoir mené campagne pour ceux qu'ils voulaient détruire ?
Quand comprendront-ils qu'un des éléments de la stratégie électorale de Jean-Luc Mélenchon consiste précisément à ce que ses adversaires politiques deviennent des propagandistes de la part d'identité de sa formation qu'il souhaite mettre en avant ?
Si cette dernière rencontre un écho favorable dans tout ou partie de la société, le fin judoka aura réussi un ippon !
Aveugles, que mon parti, que son candidat le soient plus que d'autres encore, me désespère.