Lucien Atencia

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Billet de blog 8 octobre 2021

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Un choix suicidaire.

Quand Arnaud Montebourg en est à cautionner la pensée nauséabonde du sinistre Z, je mesure l'ampleur des dégâts et je ne le cache pas, cela m'effraie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Certaines prises de positions du candidat du parti communiste mettent en évidence une cohérence stratégique que mon âge m'a permis de déjà rencontrer. Celle de la fédération communiste dissidente du Pas-de-Calais. Toute rouge à l'extérieur, beaucoup moins à l'intérieur et dans ses actes.

Tel est le cas du vote de Fabien Roussel en faveur de la gestion de la crise sanitaire du gouvernement d'Edouard Philippe, celle de toutes les pénuries, qui vaut à la ministre de la Santé de l'époque d'être mise en examen. Les sénatrices et sénateurs unanimes, des députés communistes ont voté contre. C'est heureux.

Le candidat communiste s'est aussi associé aux pourfendeurs de l'islamo-gauchisme, des réunions de groupes et de l'UNEF. Il n'a pas hésité à prendre sa part de la campagne du pouvoir contre le séparatisme, au singulier, celui de l'église catholique étant aujourd'hui superbement ignoré.

Un jour de manifestation de policiers devant l'Assemblée nationale, en compagnie d'élus du RN et d'un ministre de l'Intérieur qui trouve "molle" la sinistre Le Pen, il a fait sienne la proposition de cette dernière de rendre incompressibles certaines peines et déclaré que les déboutés du droit d'asile "ont vocation à retourner chez eux".

Le soir même des dernières élections régionales sans électeurs, Fabien Roussel a fait l'éloge de la présidente de la région occitane, adepte du concept on ne peut plus rassembleur "des gauches irréconciliables" cher à Manuel Valls. Il s'est atrribué un recul historique de l'extrême droite dans sa région dont on voit aujourd'hui ce qu'il en est. Quant à l'amnésie dont il souffre sur ce qu'a été Bernard Tapie, elle vient s'ajouter à une dérive qui, pour moi, n'a rien d'accidentelle. 

Certes, le candidat du parti communiste avance des propositions qui, concrétisées, feraient beaucoup de bien à nos concitoyens et à la France, sans sembler se soucier le moins du monde du rapport de forces qui permettrait leur mise en oeuvre. Outre que Fabien Roussel n'en a pas l'exclusivité, à elles seules, il y a très longtemps et bien que sans cesse répétées  qu'elles ne convainquent que les convaincus. Plus fondamentalement, les dirigeants communistes refusent d'admettre que le déclin des partis communistes dans le monde ne doit rien au fait qu'ils n'auraient pas présenté de candidat à une élection présidentielle et tout à une crise d'identité qui tient au fait qu'ils prétendent être ce qu'ils ne sont pas : les héritiers de Marx et de Engels.

Ce n'est pas ce qu'a pensé la majorité des communistes lors de leur dernier congrès et qui les a conduits à décider de présenter un candidat issu de leurs rangs, avant que toute autre formation politique ne l'ait fait.

Je respecte leur choix mais considérant qu'il est suicidaire, et pas que pour les communistes, je le conteste, ce qui est mon droit absolu, le centralisme démocratique n'ayant pas été rétabli à ma connaissance.

Je dis aussi que le parti socialiste, lui aussi et pas qu'en France, connaît une crise profonde d'identité. Ce qu'il prétend être n'a que peu de rapport avec la pensée de Jaurès. Il refuse de voir que ce qui est en train d'advenir à Anne Hidalgo est une des manifestations récentes de cette crise.

Sa cécité ne permettra pas de la résoudre pas plus que celle du parti communiste. Or, l'addition de ces deux crises explique pour une large part la faiblesse d'une gauche qui, pour de nombreux progressistes, n'en a plus que le nom. Aucune autre formation, qu'il s'agisse des Insoumis ou des Verts, n'ayant réussi à combler ce qui a été la force et l'attrait d'une gauche fière du qualificatif qu'elle portait, c'est le pire du camp d'en face qui a pris le dessus.

Parti communiste et parti socialiste ne trouveront pas de réponses dans l'appropriation de certaines idées dominantes, encore moins quand ces dernières sont directement issues du magasin de l'extrême droite et du pouvoir. L'avoir fait depuis des années n'a que contribué à faire grossir la bête immonde.

Quand Arnaud Montebourg en est à cautionner la pensée nauséabonde du sinistre Z, je mesure l'ampleur des dégâts et je ne le cache pas, cela m'effraie. Ce n’est pas le cas du capital et de son oligarchie qui continueront à faire l'éloge d'un Bernard Tapie ou d'un Nicolas Sarkozy qui incarnent si bien leur modèle de société : le capitalisme, celui "des premiers de cordée" du télé-président. 

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