Lucien Atencia

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Billet de blog 9 juin 2025

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Histoire de merlu.

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Le merlu, succulent poisson appelé colin sur nos tables, avait disparu de l'Atlantique. Les pêcheurs basques n'ont pas attendu Emmanuel Macron pour réduire les périodes de pêche et la taille des mailles des filets afin de ne pas capturer les plus petits d'entre eux. Ils ont consenti d'importants sacrifices pendant plusieurs années et n'ont pas écouté les sirènes de l'extrême droite qui les appelaient à pêcher toujours plus. Ils ont préservé la ressource.

Aujourd'hui, ils capturent du merlu comme jamais. Le prix du colin devrait baisser sur les étals à condition que les intermédiaires et les taxes gouvernementales ne prélèvent pas leurs dîmes alourdies par la TVA sociale. Dès lors, les ménagères pourraient servir du colin à leurs enfants. De nouveaux navires, à taille humaine, seraient construits dans les chantiers navals. Des jeunes seraient embauchés. Un cycle vertueux aurait été créé.

Que nos agriculteurs s'en inspirent permettrait qu'ils soient soutenus par les consommateurs des fruits de leur travail. Ce qui paraît nécessaire pour obtenir que ce dernier soit rétribué à hauteur de sa valeur d'usage. Impossible si le consommateur est persuadé que l'agriculteur l'empoisonne.

Cela ne gène pas le RN qui comme Trump est contre les normes. Il n'est pas le seul. Un syndicat d'agriculteurs aussi. Le secrétaire national d'un parti de gauche également.

Est-ce trop compliqué que les partis politiques au lieu de chercher à plaire s'inspirent d'innovations qui existent déjà, fruits des capacités inventives d'un mouvement populaire qui cherche à répondre aux contradictions qu'il rencontre dans l'intérêt du plus grand nombre ? Parmi ces dernières, de très grandes comme la sécurité sociale, la fonction publique et le système de retraite solidaire sont menacées frontalement par un premier ministre qui ne dissimule pas ses intentions. Bientôt, il mettra tout le paquet sur la table après que l'opinion publique ait été méthodiquement préparée à le recevoir. La méthode ne change pas. Surprenant qu'elle puisse se déployer avec autant de facilité.

Pour préparer les prochaines élections municipales, si la population y est réellement associée, le processus de construction du projet municipal pourrait susciter un intérêt certain et une exigence partagée d'unité et de responsabilité, s'il cherchait à répondre à de grands enjeux de société tels qu'ils se déclinent dans les communes. Comment a-t-on pu jusqu'ici mettre la charrue avant les bœufs ? Tout simplement parce que la bourgeoisie y a intérêt. Plus les citoyens se désintéressent du projet meilleures sont les conditions pour qu'ils consentent à accepter celui du capital. Si toutes l'attention se porte sur les candidatures, ce n'en est que meilleur. Comment voulez-vous que Mélenchon, Fabien Roussel, Raphaël Glucksmann et François Hollande tombent d'accord sur une candidature unique après avoir affiché une détestation réciproque depuis des mois ? Ce ne sont pas des primaires qui mettront de la vaseline dans leurs relations.

Soyons sérieux , du local au national, des municipales à la présidentielle, pour gagner une élection, encore faut-il le vouloir tous ensemble. Si sont introduites volontairement des divergences nationales dans un scrutin local, vous le perdrez comme à Villeneuve-Saint-Georges. Si l'objectif consiste à éliminer un allié au prétexte qu'il rassemble plus d'électeurs, vous perdrez l'élection.

Ces derniers n'ayant aucun goût particulier pour les mélanges contrenatures, le font savoir en votant avec leurs pieds. Tel est le grand danger qui menace les scrutins qui viennent. Pas de raccourci possible à des projets locaux comme à ceux de société, vécus comme complémentaires, inédits dans leur démarche et leurs finalités parce que les partis politiques auront accepté d'abandonner la mainmise qui jusqu'ici était la leur sur les élections. Tout simplement parce que les partis ont leurs propres logiques qui éloignent des réalités. Or les projets ont pour vocation de changer les réalités en s'attaquant aux racines des contradictions qu'elles génèrent. Leur connaissance fine a besoin de l'apport de ceux et celles qui les vivent et ont le plus intérêt à ce que les réponses apportées ne mettent pas en contradiction la qualité de l'air et la liberté de se déplacer, la qualité et la quantité de la nourriture et la légitime exigence des paysans de vivre de leur travail dans des fermes familiales. Si l'envie de gagner est forte, si les partis consacrent leurs efforts à donner confiance en montrant que cela est possible, le besoin d'unité s'exprimera avec une telle force que nul ne pourra s'y opposer et, tout naturellement se dégageront les candidatures les mieux à même de conduire à la victoire, à la mise en œuvre durable du projet démocratiquement élaboré. Un appel national unitaire y contribuerait fortement. La pression des citoyens ne semble pas assez forte pour l'imposer. Une nouvelle conception de l'activité politique aura été amorcée pour lui donner du sens. Seulement amorcée car le temps manque. Si cette amorce produit des résultats positifs, si nait une dynamique électorale inédite, alors tous les espoirs deviendront accessibles dans l'avenir. Exemple de qualité car nous partons de très loin. Les exemples de ce type, Emmanuel Macron les déteste. Il n'était donc pas question qu'il donne sa chance à Lucie Castets. Tout se tient. Vive la pensée dialectique ! Elle est autre chose que le bon sens qui ne met en valeur que les apparences. Jamais aucune d'entre elles n'a démontré qu'elle pouvait changer la réalité, ce qui est l'objectif des citoyennes et des citoyens qui se seront investis dans la construction du projet pour leur commune.

A Paris, une manifestation ce 9 juin a rassemblé beaucoup de jeunes indignés par l'interception du Bateau pour Gaza. Bientôt, Netanyahu aura peur de son ombre. Le RN a passé la même journée du 9 juin du local à l'union des extrêmes droites européennes. Il lui fallait prendre de la hauteur car il ne se fait aucune illusion sur le verdict de la Cour d'appel. Le plus longtemps possible, il gardera Marine Le Pen dans le rôle de la victime des juges, la seule pour laquelle ce n'est pas un rôle de composition, mais il est convaincu que sa candidate subira les mêmes foudres que lors du jugement prononcé en première instance ce qui constituera un infranchissable plafond de verre. Confirmant de grandes capacités d'adaptation, le RN fera le pari de l'avenir en accordant à son implantation locale la nouvelle priorité de son activité. Il ne s'en cache pas, les prochaines élections municipales le deviennent pour une extrême droite qui tire de l'expérience de la dernière période qu'elle n'arrivera pas à ses fins électorales sans s'implanter jusque dans les plus petits villages. L'élection présidentielle perdue d'avance, avancer sa date ne présente plus le même intérêt. A quoi tient la survie d'un gouvernement Bayrou qui n'a ni majorité ni opposition ? Aux effets secondaires d'une décision de justice. L'activité politique marche bien sur la tête, encore convient-il d'ouvrir les yeux pour s'en apercevoir. Tout est organisé pour que le simple citoyen les garde soigneusement fermés.

De son côté, Emmanuel Macron a tenté de faire oublier que les engagements pris à Paris sous la présidence de Laurent Fabius ne sont plus de première urgence. Il s'est découvert une passion pour la Mer, enjeu effectivement décisif pour la lutte contre le dérèglement climatique. Le président sera jugé aux actes. Personne ne nie ses hautes compétences de communiquant et la puissance des amplificateurs médiatiques. 

A bon entendeur, salut !

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