Lucien Atencia

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Billet de blog 9 août 2021

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La gauche est au plus bas mais ses dirigeants font comme si de rien n'était.

Il aura suffi d'élections régionales et départementales sans électeurs, sans campagne électorale, favorisant outrageusement les élus sortants, quelle que soit leur formation politique, et pénalisant les autres candidats, pour qu'elle y voit ainsi que la droite, "le retour des jours heureux", l'affaiblissement d'Emmanuel Macron et de l'extrême droite.

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Quand regardera-t-on la réalité en face et pas seulement avec des yeux franco-français ? Si la gauche est si faible au point de ne pouvoir, de façon crédible, prétendre l'emporter aux prochaines élections présidentielle et législatives, unie ou pas, c'est que les deux courants, communiste et socialiste, qui, unis, ont principalement fait sa force électorale passée, sont l'un et l'autre en crise profonde partout. Leurs dirigeants se refusent à le reconnaître et donc à rechercher les causes réelles de cette désaffection de citoyens qui, de plus en plus, fuient les urnes et font leurs des idées nauséabondes de l'extrême droite. La négation de la démarche scientifique actuelle sur la vaccination en est un nouveau symptôme. Pas étonnant, quand on prend la peine de regarder quels ont été les ordres du jour de tant de Conseils des ministres de l'ère Macron, ostensiblement situés sur les terrains de prédilection de cette extrême droite conquérante. On peut aussi se rappeler qu'en janvier, le télé-président avait préféré voir tout le monde retourner au travail et produire des richesses selon la thèse de Karl Marx, opportunément remise au goût du jour dans le dernier ouvrage du philosophe Bernard Vasseur, plutôt que de suivre les préconisations d'un Conseil scientifique qu'il avait pourtant mis en place. Rien de tel pour jeter un discrédit coupable sur la science. Même punition après que le pouvoir ait annoncé que "l'épidémie était derrière nous" et que nous "pouvions partir tranquilles en vacances" alors que l'exemple britannique nous avait informés des caractéristiques ravageuses du variant Delta et donc de l'imminence d'une quatrième vague, imparable puisque la France était en retard de vaccination complète sur l'Angleterre, pour toutes les tranches d'âges, les plus fragiles comprises. Il aura suffi que des élections régionales et départementales, sans électeurs, sans campagne électorale et donc favorisant outrageusement toutes les formations ayant des élus sortants et pénalisant les autres, pour que les dirigeants de gauche, écologistes et de droite y voient le signe du "retour des jours heureux" et celui d'un affaiblissement de l'extrême droite ! La plupart des grands médias, propriété de milliardaires, diffusent cette thèse non seulement erronée mais très dangereuse, d'autant plus que beaucoup trop de militants sincères sont encore convaincus qu'il suffit de traiter la sinistre Le Pen et ses sbires de "fascistes" pour que reculent leurs idées racistes et xénophobes dans la société. Regarder la réalité en face, c'est reconnaître que la sociale démocratie est non seulement acquise à l'économie de marché mais aussi à la société de marché. Mais c'est aussi reconnaître que les partis communistes, pas qu'en France, continuent de faire la promotion d'un communisme qui n'en a que le nom mais qui est une caricature de ce qu'ont imaginé ses fondateurs pour que triomphe l'émancipation humaine. Une caricature que l'histoire a condamnée pour la grande majorité de nos concitoyens. Ainsi, comme les dirigeants capitalistes, ils qualifient la Chine de "communiste", pays d'un capitalisme d'Etat dans lequel un parti unique à la main de fer, a fait le choix de devancer les grandes puissances capitalistes sur leur propre terrain, avec les inégalités profondes qui en résultent dans la société chinoise que son niveau de développement, incontestable, ne parvient pas à effacer. En vérité, tout se passe comme si dirigeants communistes et socialistes avaient oublié les ambitions qui animaient leurs fondateurs pour ne rechercher à retrouver que le nombre d'élus qu'ils avaient dans le passé, dans des tractations de sommet et la recherche de sauveurs suprêmes, hommes ou femmes. Pour les uns, c'est Christiane Taubira, pour d'autres, c'est Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon qui portent leurs espoirs. Dérisoire au regard de l'immense remise en cause et de l'effort de créativité que la situation, dramatique à bien des égards, réclame à toutes les forces de progrès. Ne pas s'y atteler, c'est repartir pour un tour, sans changement, et au bout, le désastre brun annoncé.

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