De barrage en barrage, l’extrême droite, ses idées nauséabondes, ne cessent de gagner du terrain.
Il fut un temps, il se disait que ce n’était que de la protestation. Aujourd’hui, personne ne s’y risque. Il est vrai que, où qu’on soit, on entend bien trop parler extrême droite. Parfois, nous sommes surpris par certains dont jamais nous n’aurions imaginé qu’ils puissent utiliser ce langage devenu banal, de la haine raciste et xénophobe.
Des slogans, ostensiblement antisémites, sont fièrement brandis chaque samedi dans des défilés. On ne se cache plus, on s’expose. La France est devenue un des pays de l’Union européenne dans lequel l’extrême droite dispose de la plus haute influence électorale. Pourtant, en ce domaine aussi, la concurrence est rude, libre et non faussée, sur notre continent.
On a pu imaginer que la loi électorale, parce qu’elle n’est pas proportionnelle, maintiendrait les loups gris dans des limites acceptables. Le réveil est douloureux de constater que ce qui était censé nous protéger était devenu un argument de vente pour ceux qui désormais se présentent en victimes du système. Par contre, notre peuple reste bien la victime de la dite loi injuste.
Alors que des générations ont combattu ce fléau, le bilan des justes causes qu’elles défendaient est désastreux, au point de ne plus reconnaître ce pays que l’on aime tant. Bilan désastreux mais jamais fait.
Qui aurait pu imaginer que des médias s’afficheraient ouvertement en propagandistes de l’extrême droite ? Qu’ils pourraient faire de l’argent sur du fumier ? Et ce silence assourdissant, au milieu de tant d'éloges, sur les responsabilités syndicales de Bébel, parce qu'il les a exercées à la CGT, cette autre bête noire de l'extrême droite. Comme les concerts d’une époque et les petites mains jaunes sur la poitrine apparaissent, aujourd’hui, dérisoires ! Et pourtant, nous avons tous cru à ce que nous faisions et des lois ont été votées
Qui aurait pu imaginer qu’au conseil des ministres, régulièrement, ce soient des thèmes de prédilection de la sinistre Le Pen que le télé-président met à l’ordre du jour ? Qu’il se rende à Marseille, pour sa campagne électorale, armé d’une des plus anciennes obsessions de l’extrême droite, celle contre le droit constitutionnel de grève, leur phobie bien avant les Le Pen, père, fille et nièce. S’il l’a dit, c’est qu’il estime que ça lui est profitable. Il a raison. C’est bien ça le drame. En être conduit, pour faire des voix, à épouser les thèses de ceux qu’on prétend combattre, c’est reconnaître que ces thèses ont le vent en poupe.
Accablant pour une conception dominante de la politique qui ne cesse d’écarter nos concitoyens de la chose publique alors que, sans leurs interventions, rien ne changera. Tenter d’exploiter les difficultés engendrées par ses propres politiques et celles de ses prédécesseurs, qu’il s’agisse du chômage, de la précarité, des fins de mois difficiles, des multiples pénuries mises en lumière par la pandémie et de la pauvreté, ou encore de l’insécurité, telle est l’ambition de ceux qui s’agenouillent devant le capital.
Malheureusement, ils ne sont pas les seuls. N’est-ce pas le dernier président de gauche qui a osé ressortir la déchéance de nationalité ? N’est-ce pas un premier secrétaire du parti socialiste qui, un jour de manifestation contre l’indépendance de la justice, en triste compagnie, a cru pouvoir décrocher le pompon, en proposant que la police contrôle l’application des peines ? A cette manifestation, participaient plusieurs candidates et candidats qui rêvent, au nom de la gauche et de l’écologie, de remplacer Macron à l’Elysée. La présence de députés du RN, d’un ministre de l’Intérieur qui trouve la cheffe des extrêmes « un peu molle », n’a pas semblé les gêner outre mesure, au point, pour une fois, de se retrouver ensemble, avec le secrétaire du parti communiste qui avait fait des peines incompressibles son nouveau dada.
Pour ma part, je considère que la succession de périodes d’illusions, inexorablement suivies de longs moments de désillusions, porte une lourde responsabilité dans la progression de l’extrême droite. Le temps des illusions, nous y sommes, avec tous ces candidats qui prétendent gagner une élection qu’ils savent déjà perdue. Le temps des désillusions viendra, encore plus terrible que les précédents. Qu’y faire quand tous regardent ailleurs ?
Et si ce fameux bilan, on le faisait tous ensemble pour en dégager les causes et pouvoir donner vie à ce qui manque le plus, la créativité, l'exact contraire de la médiocrité ambiante. Pas les capacités créatrices de quelques génies, certes très utiles, mais les choses sont trop complexes, le mal trop profond.
Non, la créativité du génie de la multitude, rassemblée par une envie commune de remettre la société et la planète à l'endroit.