Lucien Atencia

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Billet de blog 9 septembre 2023

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Le sondage Bolloré a du succès.

Au soir du vote, toutes les télévisions annonceront les vainqueurs arrivés en tête et les vaincus au tapis, comme elles l'ont toujours fait.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans sa livraison du 3 septembre, « Le Journal du Dimanche » de Vincent Bolloré a publié un sondage sur les élections européennes de 2024. Un an avant la date, il connaît un étonnant succès sur les réseaux sociaux. Des militants communistes lui assurent une promotion qui est sans doute due au fait que la liste séparée que pourrait présenter leur parti y franchirait la barre des 5% qui permet d’obtenir des députés européens, ce qui n’avait pas été le cas il y a cinq ans.

Ce sondage indique aussi que les listes du RN et de la macronie arriveraient très largement en tête si la Nupes était divisée. N’a pas été jugé utile de poser la question de savoir quels seraient les résultats si la jeune alliance était unie sur une liste et un projet. Sans surprise puisque le commanditaire du sondage, celui qui l’a acheté, n’est autre que le milliardaire Bolloré dont ont connaît les penchants politiques.

 En revanche, beaucoup plus surprenant est le constat qu’aucun des camarades qui s’expriment sur les réseaux n’éprouve le besoin de signaler cette omission, ces succès annoncés de l’extrême droite et d’un pouvoir passablement détesté après son passage en force de la réforme des retraites, alors que la rentrée voit la pauvreté s’étendre au point de vider les frigos et les caisses des associations caritatives.

En vérité, ce sondage ne fait que confirmer la certitude que, divisée, la Nupes offrirait un boulevard à une extrême droite aux portes du pouvoir et remettrait en selle un Président sorti très affaibli de la dernière période.

Pour le reste, comme toutes les enquêtes d’opinion, il est incapable de prévoir l’élément qui s’avère être le plus important pour ce type d’élection à faible participation. Je veux parler du différentiel de participation des différents électorats le jour du vote. Or, on peut redouter de voir les électrices et les électeurs des partis de la Nupes, dont nul n’ignore qu’ils sont favorables à l’unité, exprimer leur déception que les partis qui ont leur préférence ne l’aient pas réalisée, en s’abstenant encore plus massivement que d’habitude. Déception décuplée quand l'intersyndicale plus unie que jamais montre la voie qu'il conviendrait aussi de suivre à gauche en politique.

Ce ne sera pas le cas des électeurs du RN et de la macronie. Les premiers seront mobilisés par la perspective d’une victoire à l’élection présidentielle. Les seconds y verront l’occasion de redonner à leur poulain tous les moyens de nuire jusqu’è la fin de son deuxième quinquennat. Et tout cela alors que les succès que viennent de remporter les coups d’éclats abjectes de Gabriel Attal et Gérald Darmanin ont mis en évidence, sans la moindre ambiguïté, quelles étaient les tendances lourdes qui taraudaient en profondeur notre société.

Au soir du vote, toutes les télévisions annonceront les vainqueurs arrivés en tête et les vaincus au tapis, comme elles l'ont toujours fait. Pendant des semaines, la presse écrite et les radios y reviendront. Les résultats prendront dès lors leur dimension politique. Qui se souciera du nombre de députés obtenu par les uns et les autres ?

Pourquoi les organisations de jeunesse du PS, des Verts, de LFI et de Générations.S organisent-elles des meetings et des conférences de presse en faveur d'une liste unique et d'un projet commun aux élections européennes ? Parce qu'elles n'apprécient pas l'enjeu de ce scrutin en additionnant les pourcentages d'un sondage. Les additions affichées ostensiblement sont illusoires et ne garantissent à aucun parti de la Nupes d’atteindre les 5%, garantie qui serait assurée si la gauche était unie.

Je me réjouis que des jeunes ne confondent pas enjeux politiques et arithmétique en refusant de laisser la moindre chance à l'extrême droite et à la macronie d’atteindre leurs objectifs. Changer une Europe dans laquelle la pauvreté gagne, avec plus d’un tiers de ses habitants qui reconnaissent ne plus se soigner faute d'en avoir les moyens, les préoccupe bien plus que de se diviser pour pouvoir se compter. Le PCF sait d’expérience ce qu’il en coûte. Faire appel aux listes dissidentes du PS et des Verts pour tenter de donner de la crédibilité à des chiffres qui n'en ont aucune en dit long sur la démarche politicienne de ceux qui se livrent à ce genre d'exercice.

Le peuple de gauche et écologiste veut gagner. Divisé il sait qu'il perdra et pas qu'aux européennes. Personne ne peut croire en effet qu'une unité impossible dans moins d'un an le deviendrait comme par miracle en 2027. Faut-il rappeler ici que le PCF, dans ses derniers congrès, a décidé de toujours y présenter un candidat issu de ses rangs. Rien n'impose que la vie de millions d'européennes et d'européens doivent se conformer aux choix des appareils de partis politiques qui, pourtant, affirment qu'ils n'existent pas pour eux-mêmes.

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