Le maire de Pau propose de venir en aide à des candidats qui ne peuvent pas rassembler les parrainages nécessaires après avoir été un des instigateurs d'une disposition qui n'a cessé d'être perfectionnée pour toujours mieux éliminer.
Immédiatement, des communistes, sur les résaux sociaux, se sont empressés, en confectionnant des panneaux publicitaires, de l'accuser de vouloir favoriser Jean-Luc Mélenchon, présenté pour l'occasion comme l'allié d'Emmanuel Macron.
Loin de n'être qu'une péripétie de campagne électorale, la question est à mes yeux beaucoup plus grave.
Je peux comprendre que certains soient déçus s'ils espéraient voir éliminé un candidat de leur propre camp par une mesure administrative dont l’efficacité discriminatoire a été améliorée au fil des années. En effet, on est passé progressivement de 100 parrainages à 500 au prétexte de ne pas permettre à n’importe qui d’être candidat. Curieux argument lorsqu’on prétend défendre le suffrage universel. Passons.
Il se trouve que le candidat que l'on espère voir éliminer administrativement appartient à notre camp, celui dans lequel Fabien Roussel répète qu’il n’a pas d’adversaire et qui fut notre allié pendant plus de dix ans. A ce titre, à deux reprises, le PCF l’a aidé à obtenir ses parrainages.
Aujourd’hui, comme pour tous les candidats de gauche, la probabilité la plus plausible est qu’aucun ne devienne président de la République. Cela devrait rassurer ces militants communistes alors que la situation de la gauche désespère des millions de nos concitoyens.
Ce n'est pas le cas. L'objectif n’est pas la gagne.
Elle ne l’est pour aucun des candidats de gauche et de l’écologie. C’est même une des grandes originalités de la présidentielle de 2022 qui explique un encéphalogramme plat et l’absence de dynamique à gauche.
A l’extrême droite, il en va tout autrement puisque le président sortant arrive loin dernière le total de sinistres et dangereux candidats qu’il s’est évertué à faire grandir, alors qu'il s'est fait élire pour leur barrer la route.
Que l’objectif de la gauche ne soit pas la gagne soit devenu aujourd’hui une évidence, je le souligne depuis des mois sur mon blog. A contre courant, j’explique même que c’est une des causes de la multiplicité des candidatures.
De ce côté là, la véritable ambition de l’élection que nos concitoyens considèrent encore comme la plus importante est de devenir le premier des nains.
Il se trouve que celui qui aujourd’hui tient la tête de la course des perdants est celui que certains communistes voudraient éliminer par une mesure administrative.
Ils ne sont pas les seuls car l’accession au podium des battus en serait grandement facilitée. C’est dire que la confiance dans la force des convictions est à peu près égale à zéro.
C’est sans doute ce qui pousse à diffuser une fausse nouvelle.
En effet, l’objectif de François Bayrou n’est nullement de défendre la démocratie et de permettre à des candidats, dont certains la menacent, de participer à la compétition. Encore moins au député de Marseille. Qui pourrait avoir la naïveté de croire que des militants aguerris pourraient le penser ?
Comme toujours, drapé des couleurs de la démocratie, il défend le système. Le système électoral et son candidat. Ils sont plus nombreux qu'il n'y paraît à souhaiter que cela perdure, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique.
Il a compris que si des candidats auxquels les sondages attribuent des scores relativement plus importants qu’à d’autres étaient administrativement éliminés, c’est la légitimité de son président et du système qui assure son élection avec le soutien de seulement un quart des votants que les Français mettraient en cause.
Ce n’est pas rien et la fausse nouvelle contribue à le masquer.
Elle fait beaucoup plus puisqu’elle jette le doute sur la sincérité de convictions démocratiques, de celle de Fabien Roussel et de son parti.
Il se trouve que c’est le mien et donc que je me sens personnellement atteint par la fausse nouvelle.
Croit- on que le mieux à faire est d’en rajouter sur la méfiance et l’inquiétude qu’éprouvent tant de progressistes à notre encontre après ce qu’il est advenu aux libertés et à la démocratie, à l’Est, au XXe siècle ?