Dans son livre "Une femme française", publié aux éditions de l'Observatoire, Anne Hidalgo, candidate socialiste à la présidence de la République, estime qu'il est possible, pendant un quinquennat, "de multiplier au moins par deux le traitement de toute personne au contact des élèves". Bien au delà des seuls enseignants donc, les employés communaux qui exercent dans les écoles étant concernés par la formulation originale et globalisante de la maire de Paris.
J'y vois d'abord une reconnaissance de l'important déclassement que connaissent ces professions. S'agissant des enseignants, la candidate socialiste n'est pas la seule à faire ce constat qui, pendant plus d'une année, a été, sur tous les médias, un des sujets préférés du ministre-bonimenteur Jean-Michel Blanquer. Un boniment parmi tant d'autres.
Le répéter n'a donc que peu de crédibilité, d'autant plus que la situation des enseignants français ne date pas d'aujourd'hui. Tous les gouvernements ont participé à cette dévalorisation, qui va jusqu'à provoquer une crise de recrutement. Sans omettre ceux soutenus par Anne Hidalgo, notamment sous la présidence de François Hollande, qui n'ont pas rechigné à bloquer le point d'indice dans la fonction publique.
Répéter une promesse ne présente aucun risque quand ses chances de l'emporter sont nulles compte tenu de la faiblesse historique de son camp. J'ajoute un constat terrible : à voir la force qu'ont prises dans notre pays les idées de droite et d'extrême droite, je ne vois pas comment une femme , indépendamment de son appartenance politique, pourrait l'emporter dans la France d'aujourd'hui.
J'enrage.
Je préfère le dire que de le cacher derrière un discours d'union et de rassemblement factice. Semer des illusions avant les élections sera inexorablement suivi, dans l'état actuel du rapport des forces, par le temps des désillusions. Or, à mes yeux, le cycle illusions-désillusions est un des facteurs qui explique que la France soit un des pays de l'Union européenne dans lequel la funeste extrême droite dispose d'une influence électorale parmi les plus élevées et les plus constantes.
Jusqu'à se retrouver aux portes du pouvoir, certaines de ses idées nauséabondes y étant déjà. Or, la caricature de la politique que nous vivons, celle qui produit des taux d'abstention record, se traduit par l'indigence du débat politique et par des candidates et des candidats qui font de la fabrique des illusions leur sport préféré, alors que tous, à l'exception du prochain vainqueur, savent mieux que quiconque qu'ils n'ont aucune chance de l'emporter. Et tous proposent de continuer un chemin qui nous a conduits là où nous sommes.
Or il va vers pire encore.