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Billet de blog 13 juin 2024

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans son interminable conférence de presse, le président de la République nous a annoncé une bonne nouvelle : il ne s’engagerait pas personnellement dans la campagne électorale. Il en administrait d’ailleurs la preuve devant des journalistes médusés et un parterre de ministres avides d’en savoir un peu plus sur une dissolution qui leur avait appris à la télévision qu’ils étaient relevés de leurs fonctions, eux comme  les députés de la majorité relative.

Axée sur le développement de la théorie des deux extrêmes, déjà abondamment utilisée pendant deux quinquennats, le propos de l’homme providentiel fut plein de bon sens. L’expression fut employée à plusieurs reprises.

Nos chercheurs, nos scientifiques la considèrent comme contradictoire avec la démarche qui préside à leurs travaux.

Dans la multitude des commentaires qui comme habituellement suivent les rares conférences élyséennes, on en relèvera un  particulièrement judicieux formulé par plusieurs journalistes et politologues. Entre les deux extrêmes, le Président avait affiché une indéniable préférence pour l’un.

Il avait même conclu son auguste prestation par ce dernier, après avoir fourni à la presse sur lui des informations non encore divulguées.

LFI, l’incarnation du mal absolu, présenterait des candidats uniques du nouveau Front populaire dans 300 circonscriptions et Mélenchon serait son premier ministre.

Les correspondants de l’étranger furent surpris que le chef d’un Etat fondateur de l’Union européenne leur donne tant de détails sur des questions au cœur des désordres du monde.

Les plus attentifs avaient remarqué  que précédemment, Emmanuel Macron avait ironisé sur le fait que la maudite extrême gauche, contrairement à l’autre extrémité et à la majorité perdue, n’avait pas de premier ministre. Plus tard dans la journée, ils apprenaient que les 300 circonscriptions étaient une fausse information.

Visiblement, le locataire de l’Elysée  souhaitait pouvoir  annoncer un Léon Blum du nouveau Front populaire, ce qu’il fit ostensiblement comme un feu d’artifice pour finir son exercice oratoire.

Ce n’était qu’une contrevérité de plus dans un discours qui en comportait bien davantage.

Elle était vouée à un grand avenir.

Le soir même, au « 20 heures » de France 2, Anne-Sophie Lapix recevait le leader de la France insoumise. Sa réapparition au premier plan suscitait quelques appréhensions dans son propre camp.

La journaliste, en grande professionnelle, avait soigneusement préparé cet interrogatoire.

Après les propos tenus par le président de la République française lors de sa conférence de presse, elle s’était fixé l’objectif de faire confirmer par l’intéressé lui-même la révélation du nom du  premier ministre du nouveau Front populaire.

Et cela donna lieu à une interview d’anthologie à montrer dans toutes les écoles de journalisme.

Jean-Luc Mélenchon eut alors toutes les peines du monde à expliquer que l’information était inexacte.

Il n’y parvint pas complètement, son interlocutrice utilisant une technique fort efficace, celle qui consiste à empêcher son invité de parler !

Se rendant compte qu’il ne répondrait pas à ses attentes mais voulant montrer bien au-delà de ses supérieurs ses incontestables qualités professionnelles, il ne lui restait plus qu’à brouiller le message de l’Insoumis.

Elle tenait tant pouvoir ajouter sur sa carte de visite cet exploit.

Manifestement, à écouter ce qu’en disent les médias, elle a réussi.

Tous ceux qui s’y expriment ont pourtant été comme moi les témoins de cette journée de lancement d’une campagne électorale-TGV, dans laquelle Emmanuel Macron a promis qu’il ne s’impliquerait pas personnellement.

Il est vrai qu’elle est d’une importance relative puisque le vote qui va la conclure dira si oui ou non notre pays des Lumières et de la Révolution s’est donné  comme premier ministre Bardella et pour ministre de l’Intérieur Ciotti.

Une République se meurt sous nos yeux. Une autre frappe à la porte.

Ne nous laissons pas manipuler, gagnons partout, un à un, des électeurs et électrices qui votent en faveur de candidates et candidats uniques du nouveau Front populaire. Faisons la différence en montrant ce qui peut changer, dès le 8 juillet, dans la vie de nos compatriotes.

Anne-Sophie Lapix nous aide puisqu’elle a révélé comment avait été fabriqués la plupart des aimables adjectifs utilisés par le chef de l’Etat pour caractériser la nouvelle alliance que nous voulons voir durer.

 Les mensonges, le mépris, le cynisme se prolongent depuis des années. C’est dire combien les puissants redoutent notre unité et notre détermination.

Il ne reste que 17 jours.

Sophie de la CGT nous dit qu'il est minuit moins le quart.

En général, elle est plutôt de bon conseil. 

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