Adhérent du Parti communiste français depuis mai 1968, j’ai signé avec d’autres camarades une pétition qui réclame le départ de son secrétaire national, Fabien Roussel.
Depuis qu’avec Georges Marchais a été abandonné le centralisme démocratique, les adhérents ont le droit d’exprimer publiquement leurs désaccords.
Ce que je fais en estimant qu’un droit qui n’est pas utilisé est voué à disparaitre.
Il nous vaut l’accusation de mener une chasse à l’homme par des adhérents qui ne partagent pas notre point de vue ce qui est respectable.
Ce qui l’est moins, alors qu’ils connaissent nos sentiments pacifiques et notre attachement au débat, à la confrontation d’idées, c’est que selon eux, nous pourrions nous en prendre à un seul cheveu de Fabien.
Qu’ils ne nous fassent pas l’injure de laisser croire que nous en voudrions à l’ancien député communiste du Nord. Nos désaccords sont uniquement de caractère politique. Il ne s’agit pas de préférer un parti communiste avec Fabien Roussel à un autre sans. C’est bien plus grave que ça.
Nous considérons que notre parti joue un rôle néfaste dans la construction du rassemblement indispensable pour combattre efficacement la politique d’Emmanuel Macron qui fait tant de mal et pour ouvrir une alternative crédible, victorieuse et durable à des choix qui sont ceux d’une bourgeoisie radicalisée pactisant avec l’extrême droite.
Le costume de diviseurs de la gauche ne nous convient pas du tout. Nous tenons à le faire savoir à tous les progressistes du pays, quelle que soit leur sensibilité.
Communistes, nous sommes ulcérés que notre parti n’en ait plus que le nom.
Aucun d’entre nous n’a adhéré au PCF pour tout ramener à lutter contre ce qui est un allié que la bourgeoisie et Emmanuel Macron diabolisent pour diviser le NFP, après avoir tué la Nupes.
A se tromper d’adversaire, à confondre dans une même réprobation ceux qui luttent et votent avec nous et l’extrême droite fasciste, le PCF est devenu le meilleur agent électoral de LFI et de Mélenchon.
Nos résultats dans les urnes montrent que cela est repéré par de nombreux électeurs qui n’ont aucune intention de faire ami-ami avec le président le plus détesté de la Ve République.
La lutte de classes n’a pas pour objectif la stabilité du capitalisme pas plus que la respectabilité de ceux qui prétendent le combattre. Elle vise son dépassement.
Dans notre histoire, que les oligarques nous aient toujours accusés d’être de dangereux irresponsables, quoi de plus normal, puisque nous avons pour ambition de libérer toute la société de leur domination sur notre travail et nos vies. Qu’ils multiplient les preuves d’amour au parti que dirige Fabien Roussel, que le PCF cherche à leur plaire, trop c’est trop.
De quel droit les dirigeants du pays qui l'ont conduit où il est peuvent-ils prétendre défendre seuls l’intérêt national ?
Leur cynisme est sans limites. Après s’être assis sur le résultat des élections législatives, c’est au nom d’une place accrue du Parlement qu’ils veulent priver les députés d’un droit constitutionnel essentiel, celui de pouvoir censurer le gouvernement lorsqu’il ne leur laisse aucune autre manière de s’opposer à un projet de loi ? Que devient dès lors la séparation des pouvoirs, principe constitutif de la République si tous les pouvoirs sont concentrés dans l’exécutif, en vérité dans les mains du président de la République, depuis qu’il est élu au suffrage universel, grâce à la peur que provoque la force attractive acquise par la candidate de l’extrême droite, élection après élection présidentielle. Que des partis du Nouveau Front Populaire collaborent au renforcement des pouvoirs de ce président méprisant et méprisable devrait être inconcevable. Ce n’est pas le cas.
On peut légitimement douter que leur esprit de responsabilité en sorte grandi aux yeux du monde du travail, de la création et de la jeunesse.
Qui peut croire que François Bayrou permettra la sortie par le haut d’une profonde crise aux multiples dimensions ? Il est bien plus qu’un fidèle de la première heure du locataire de l’Elysée. Il est son initiateur, l’inventeur du « ni gauche ni droite » qui s’est traduit par « à droite et à l’extrême droite toutes ! ».
Quelle dose de cynisme il a fallu pour oser sortir cette martingale politicarde comme pour lui apporter une caution de gauche !