Ce qui crée la popularité des dirigeants politiques, ce sont leurs passages dans les médias. Aucune femme, aucun homme communiste autre que Fabien Roussel n'est donc populaire, ce qui est profondément injuste.
De ce point de vue, le secrétaire national est un des seuls qui se voit invité quasi quotidiennement dans une matinale d’un grand média, au point que tout le monde s'y est habitué. Il y est présenté comme un bon élève, comme Marine Le Pen, en opposition à Mélenchon, fauteur de troubles, incendiaire, accusé d’être responsable des destructions d’écoles, de bâtiments publics, de commerces, de soutenir Poutine et d’être à la remorque de la Chine.
Ce n’est qu’un constat, somme toute assez banal, qui va faire de moi un fan de l'Insoumis !
Curieusement, les journalistes semblent ignorer cette différence de traitement qui saute aux yeux de tout un chacun. Donc, personne ou presque ne se pose la question du pourquoi de cette omniprésence médiatique et de la sollicitude d'une profession pourtant au coeur du problème.
Certes, les bons mots, les surprises et parfois le talent que réservent les prestations du député du Nord y sont peut-être pour quelque chose. Les sondages qui, dans l'état actuel de l'opinion, recueillent proportionnellement plus d'avis de réactionnaires que de progressistes, aussi.
Sans doute, sa recherche permanente du buzz, fondée sur le contrepied de ce qui est habituellement attendu du premier dirigeant d'un parti communiste, trouve-t-elle là sa juste récompense. Ce qui est moins évident s'agissant des éloges prodigués par les ministres d'Emmanuel Macron et de nombreuses personnalités de droite qui ne peuvent être soupçonnés d'avoir un faible pour le communisme puisque pour eux, le capitalisme est la fin de l'histoire.
Jamais un dirigeant communiste n’a bénéficié d’un tel traitement de faveur. Jamais un ministre de l’Intérieur n’avait avoué, comme l’a fait publiquement Gérald Darmanin, qu’il voterait volontiers pour Fabien Roussel. Pourtant, certains de ses prédécesseurs Place du Colonel Fabien pesaient électoralement près de dix fois plus que lui.
Ceci explique sans doute cela ainsi que le positionnement de l'intéressé, mouton noir d'une Nupès qui a redonné du sens au mot "gauche". Au plus vite, la macronie, LR et le RN veulent revenir à la situation précédente. Ce qui se comprend aisément, venant de cette pensée unique qui éloigne les citoyens de l'activité politique.
Ce n’est pas sa popularité personnelle qui crée cette omniprésence médiatique mais c’est cette dernière qui est à l’origine de cette popularité dont il est fait grand cas alors qu'elle ne se retrouve pas dans les urnes.
Ainsi, d’un point de vue médiatique, la campagne des dernières élections européennes de Ian Brossat a pu être qualifiée de formidable alors que son résultat a privé pendant cinq ans le PCF de représentation au parlement européen. Le maire- adjoint parisien va sans doute devenir sénateur. Le mode de scrutin lui est plus favorable. Si cette fois, la liste identitaire que souhaite le PCF atteignait les 5% qui permettent d’obtenir un député européen, tous les communistes en seraient très heureux. Macron et le RN aussi car ces 5% auraient fait défaut à la liste et au projet uniques souhaités par 76 % des sympathisants de gauche et écologistes et les organisations de jeunesse du PS, des Verts, de LFI et de Génération.s. Ils auraient contribué, à leur corps défendant, à ce que "le monarque méprisant" et "la fasciste propre sur elle" l'emportent.
Dès lors, la différence entre popularité et influence devient plus claire.
Robert Hue aussi était populaire. Il le devait lui aussi parce que perçu, un temps, dans ses prestations télévisées, comme différent, d'une autre manière, de ses prédécesseurs.
Surfer sur son échec ne modifie en rien ce que pense la majorité de nos concitoyens d'un parti qu'ils associent toujours à la conception autoritaire, étatiste et liberticide du communisme qu'a connu l'URSS, la menant à son effondrement et que connaît aujourd'hui la Chine.
Tant que le sujet restera tabou pour le PCF, la communication n'y changera rien et les communistes français seront beaucoup plus nombreux à l'extérieur du Parti qu'en son sein.
Ce sont les citoyennes et citoyens qui remettent sans cesse le réel au centre de la scène.