Le Conseil National du Parti socialiste a tranché : ce sera Olivier Faure ou rien.
La déception va grandir parmi celles et ceux qui le 7 juillet dernier se sont mobilisés dans les urnes pour empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir et permettre au Nouveau Front Populaire d’appliquer son programme de ruptures avec les politiques et les comportements méprisants qui leur sont imposés depuis tant d’années.
Elle est déjà particulièrement vive dans les familles qui, dès le quinze du mois, n’ont plus de quoi remplir les frigos pour nourrir leurs enfants.
On notera qu’Olivier Faure aura préparé de longue date sa candidature à la responsabilité de premier ministre.
Pendant que Jean-Luc Mélenchon était accusé, à tort, de la briguer, le premier secrétaire du PS n’a cessé de varier sur la méthode qu’il proposait d’utiliser au NFP pour parvenir à une candidature consensuelle, disait-il.
Avant les résultats du scrutin du 7 juillet, persuadé que son parti serait celui qui obtiendrait le plus de députés, il soutenait la façon habituelle de procéder, à savoir choisir le premier ministre dans le groupe de députés le plus important.
Le 7 juillet passé, Olivier Faure a tenté de grossir son groupe avec des élus non-socialistes ou en désaccord avec le programme du NFP pour combler le retard maintenu sur LFI.
Il a aussi proposé de modifier la méthode du choix en passant du groupe le plus important à la totalité des députés du NFP. Cette proposition de constituer un seul groupe à l’Assemblée nationale, il l’avait fermement rejetée après la création de la Nupes.
Sont venues ensuite un certain nombre de variantes qui toutes avaient pour objectif d’imposer à ses partenaires sa propre candidature. Le consensuel devenait obligation pour un retour à un comportement hégémonique, sans disposer des moyens politiques de l’imposer.
Comme si avant une élection, la loi électorale était modifiée pour garantir que son résultat sera le bon.
Quand Fabien Roussel, pour débloquer une situation imposée de force par Emmanuel Macron, propose la candidature d’Huguette Bello, la réaction du PS est violente et insultante, à la fois pour le secrétaire national du PCF et pour l’intéressée qui depuis plus de vingt ans est respectée sur tous les bancs de l’hémicycle, par le pouvoir et dans sa région.
Elle est ce que l’on nomme une grande dame.
Ce serait un leurre !
Fabien Roussel avait pourtant pris beaucoup de précautions, ne voulant froisser personne, sondant les uns et les autres et constatant que Huguette Bello bénéficiait d’un large consensus à l’exception du PS qui avait décidé de réunir son Conseil national pour en décider.
Il est vrai qu’Olivier Faure était sous la pression des François Hollande et Carole Delga qui, pour une fois comme jamais, soutenaient sa candidature. S’il approuvait la proposition d’Huguette Bello, le premier secrétaire n’aurait plus leur confiance !
La présidente du Conseil régional de la Réunion se voyait accusée de tous les maux sur les réseaux sociaux et au PS, on argumentait en mettant en avant les nombreuses villes dirigées et l’importance du groupe au Sénat. Les dissidents de LFI, de leur côté, multipliaient les propositions de méthodes pour choisir le futur premier ministre. L’une d’elle, allant jusqu’à l’organisation d’une primaire entre Huguette Bello et Olivier Faure, avec comme corps électoral la totalité des députés du NFP.
Divisons, divisons, il en restera toujours quelque chose.
Nathalie Saint-Cricq, de la famille Duhamel, avant que le Conseil national du PS n’ait tranché, sur une chaîne du service public, annonçait la décision et la justifiait avec beaucoup d’arguments.
Pendant ce temps-là, le président de la République, garant des institutions, refusait de reconnaître une troisième défaite électorale successive. Il s’enfermait dans un déni de démocratie très bien caractérisé par Sophie Binet, secrétaire de la CGT.
S’il refuse de prendre en compte les résultats de l’élection historique du 7 juillet, c’est pour empêcher qu’un gouvernement du NFP, même minoritaire, comme le lui permettent les institutions, fasse entrer dans la vie de millions de concitoyens les mesures d’urgence qu’ils attendent depuis si longtemps.
Ce blocage n'a que trop duré. Il recèle d'immenses dangers et préoccupe beaucoup la population.
De savants politologues expliquent qu'il aurait pour cause un PS et LFI à peu près à égalité d'influences. Les mêmes répétaient avant le 30 juin que tous nos déboires provenaient d'un déséquilibre en faveur des insoumis.
Marine Le Pen s'en réjouit et se voit déjà à l’Elysée en 2027 ou peut-être avant.
Seule une puissante mobilisation populaire pourra débloquer la situation dans le sens des intérêts du monde du travail et de la création. Les initiatives du 18 juillet vont y concourir.
Mais c’est une dynamique du niveau de celle qui vient d’empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir qu’il faudrait atteindre. La période ne s’y prête pas. Le président le plus méprisant et cynique de la Ve République y a pensé en fixant la date de sa dissolution.
De grandes décisions unitaires d’action peuvent être prises dans le prolongement du 18, à mettre en œuvre à la rentrée, de quoi occuper les vacances du président, de sa minorité parlementaire et de leurs alliés.
De quoi s’assurer que le Nouveau Front Populaire, si longuement attendu, n’aura pas été qu’un feu de paille juste bon à faire élire des députés, sans que rien ne change dans la vie des gens.