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Billet de blog 15 mai 2025

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Diversion ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quelques voix discordantes osent qualifier de diversion la campagne de destruction de LFI. Alors qu’elle est à son apogée avec la publication de « La Meute », cela dénote un certain courage, tant les vents contraires soufflent fort, avec le concours de médias comme jamais mobilisés.

Pourtant, il semblerait que ce soit bien davantage qu’une diversion. Ne serions-nous pas confronter à une tentative de diviser durablement les gauches afin d’écarter toute ambition d’instaurer une politique qui rompe avec celles qui, depuis plusieurs décennies, ont conduit le pays dans la crise multiforme qu’il connaît ?

J'en suis convaincu.

Son objectif immédiat consiste à permettre à Emmanuel Macron, d’ici la fin de son mandat, d’opérer un bond qualitatif dans la destruction de ce qui reste des acquis du Conseil National de la Résistance.

La diabolisation de LFI, la normalisation du RN sont les instruments privilégiés de la division permanente recherchée.

Elle permet déjà au gouvernement de François Bayrou d’annoncer une réduction des dépenses publiques consacrées « au social et au local » d’un montant de 40 milliards d’euros chaque année jusqu’en 2029. Le président de la République vient d’y ajouter une TVA sociale qui non seulement rendrait la vie plus chère, mais saperait les fondements du financement du système de sécurité sociale et de retraites par répartition. Le MEDEF le réclamait depuis des années.

Emmanuel Macron espère ainsi retrouver l’Elysée en 2032. Il compte pouvoir continuer de  profiter de la sidération que provoquent la révolution Trump-Musk, la guerre en Ukraine, la multiplication des conflits armés et les conséquences du dérèglement climatique.

Ramener de tels bouleversements à une diversion paraît vraiment très réducteur. La publication de « La Meute » que François Bayrou a utilisée à plusieurs reprises lors de sa comparution devant la commission parlementaire sur Bétharram est un des éléments du dispositif général.

Or, la gauche se comporte comme si elle croyait que ce livre de brèves de comptoir était la preuve que la bourgeoisie, celle qui pactise avec l'extrême droite, se préoccupait de la démocratisation d’une des composantes du NFP !

De ce point de vue, l’historien Roger Martelli, qui habituellement n’est pas tendre avec Mélenchon et LFI, invite sur « Regards » au respect d’un principe de base totalement ignoré : il appartient à chaque parti politique de déterminer souverainement comment il entend s’organiser, son projet et son comportement.

Sage conseil qui, appliqué, permettra peut-être à ces partis de consacrer plus d’attention à la démocratisation de l’activité publique qui en a bien besoin.

Il s’agit pour les citoyennes, les citoyens et les jeunes de passer du rôle de consommateurs de politique à celui de principaux acteurs.

Belle ambition !

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