Ce n'est pas la division qui va faire perdre la gauche. Elle est si faible, qu'unie ou divisée, elle ne peut prétendre, de façon crédible, accéder au deuxième tour de la prochaine élection présidentielle. Cette faiblesse, j'émets l'hypothèse qu'on la doit d'abord aux deux formations politiques qui, unies, ont essentiellement, dans le passé, fait la force de la gauche : le parti socialiste et le parti communiste. Or, ces deux partis sont en crise et pas seulement dans notre pays, au point que le mot "gauche" lui-même, s'il n'a pas disparu, a perdu beaucoup de son attrait. Il n'y aura bientôt plus que leurs dirigeants à ne pas le reconnaître. Le parti socialiste n'en a plus que le nom et remplace l'ambition socialiste par l'adhésion à la société de marché. Certains de ses membres sont aujourd'hui aux côtés d'Emmanuel Macron, dans un gouvernement dont le premier ministre, ceux de l'Intérieur et de l'Economie sont de droite et le dernier président de la République socialiste n'a pas eu la force de se représenter. Le parti communiste aussi n'en a que le nom et propose à nos concitoyens une caricature de ce que les fondateurs du communisme avaient imaginé. Son secrétaire national, candidat à l'élection présidentielle en France, ne tarit-il pas d'éloges pour le régime chinois ? C'est à dire pour un capitalisme d'état dont l'ambition affichée est de supplanter les autres grandes puissances capitalistes, grâce à la main de fer d'un parti unique et à une démographie encore favorable, bien que vieillissante. L'un et l'autre, s'ils ont permis un développement et une croissance incontestables, n'ont en rien porté remède aux inégalités qui minent la société chinoise comme toutes les autres sociétés capitalistes. Ce critère, assez décisif on en conviendra, n'empêche ni Fabien Roussel ni Emmanuel Macron de qualifier, ensemble, la Chine de "communiste" ! On ne s'étonnera donc pas de constater que ces deux partis, en reniant leur identité, ont aussi perdu une force propulsive qu'aucune autre formation de gauche n'est capable, à ce jour, d'incarner. Emmanuel Macron a su exploiter cette situation. Mais il n'est pas le seul quand on voit que certaines des idées de droite et d'extrême droite sont devenues dominantes dans notre pays, ce qui explique, sur le fond, pourquoi la gauche est électoralement si faible. Au lieu de chercher à savoir pourquoi et à inventer du neuf, ne serait-ce que pour faire face aux gigantesques et urgents enjeux climatiques et sanitaires, elle voudrait faire croire, comme la droite, que des élections régionales et départementales sans électeurs, sans campagne et donc avantageant outrageusement les partis disposants d'élus sortants, quels qu'ils soient, auraient redoré son blason. Chimère ! C'est dire que le chantier de reconstruction de forces porteuses des aspirations émancipatrices de tous les progressistes est immense. Il suppose un essor de la démocratie et des libertés individuelles et collectives tant le besoin de capacités créatrices est immense. Reconnaissons qu'on n'en prend pas le chemin, alors que nous vivons dans une monarchie plus monarchique que celles qui subsistent, avec un seul homme qui décide de tout et dont l'ambition première est sa reconduction à la magistrature suprême et celle de ses opposants, de le remplacer à l'Elysée pour faire à peu près la même chose. Debout, les héritiers des précurseurs de 1789, de la Commune, de 1936, 1945 et de mai 1968 ! Il y a du pain sur la planche. Du travail, de la réflexion, de l'innovation et de l'action pour tous.
259 Billets
0 Édition
Billet de blog 15 août 2021
Debout !
Ce n'est pas sa division qui va faire perdre la gauche.