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Billet de blog 16 mars 2022

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Avant le premier tour, deux membres du parti communiste français s'expriment.

Stop ou encore ?

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Pourquoi je vote Fabien Roussel, par Alain Hayot. Article publié dans "La Marseillaise" du 16 mars 2022.

Je fais partie de ceux qui ne se sont pas prononcés pour une candidature communiste lors du scrutin interne au PCF. Dans mon esprit il n’y avait aucune idée de ralliement à telle ou telle autre candidature mais la volonté de privilégier une logique de rassemblement de toute la gauche autour d’un projet élaboré en commun et d’un.e candidat.e choisi.e de la même manière. Mais la suite de l’histoire a montré que chaque force politique de gauche, la FI la première, souhaitait concourir sous ses propres couleurs. Dont acte.

Que faire désormais ? Le vote utile est une supercherie inventée par Mitterrand pour empêcher les électeurs de gauche de voter selon leurs convictions. Il sera utilisé depuis par ses successeurs. Cette entourloupe politicienne a suffisamment été dénoncée par les formations de gauche, la France insoumise n’étant pas en reste dans cette condamnation. Pourquoi donc changer d’avis aujourd’hui alors que la gauche, qui réunit péniblement 25% des intentions de vote, n’a aucune chance de gagner la présidentielle ?

Il faut donc faire son choix en pensant très fortement à l’avenir de la gauche, à sa refondation, à l’urgence de rallumer l’espoir d’une autre société plus juste, plus égalitaire, plus libre et plus fraternelle. Le chantier est immense. Face au danger de voir le débat politique se réduire à un pseudo affrontement entre l’extrême centre et l’extrême droite garantissant la pérennité du système libéral, autoritaire et nationaliste, la seule question qui vaille est la suivante : de quelle gauche avons-nous besoin pour reconstruire une perspective susceptible de donner envie à notre peuple de se mobiliser à nouveau pour des lendemains qui chantent ?

Poser la question, c’est d’une certaine façon y répondre. Nous sentons bien que les classes populaires ne sortiront de leur abstention et de leur méfiance vis-à-vis de la politique que si la gauche porte à nouveau un projet de rupture avec le capitalisme financiarisée et mondialisée dont les ravages sociaux et écologiques sont subis par le plus grand nombre. Dans cette perspective la gauche doit porter l’ambition de mettre les questions sociales et écologiques en les liant au cœur de toutes ses politiques et de promouvoir les biens communs de l’humanité sous une forme publique. Elle doit aussi avoir la volonté d’en finir avec toutes les dominations en premier lieu celles subies par les femmes, mais également combattre toutes les discriminations sociales, territoriales, raciales, sexuelles et générationnelles. Elle doit enfin porter l’ambition d’une autre façon de faire de la politique, bannissant le césarisme et la délégation de pouvoir en faisant de l’intervention citoyenne l’alpha et l’oméga d’un système républicain, démocratique et laïc au sens que Jaurès donnait à ces concepts. Elle serait aussi bien inspirée de relire Jaurès pour mener le combat pour la paix dans le monde.

Voilà de mon point de vue les fondements d’une réinvention de la gauche qu’il nous faut préparer dès maintenant. Quelque soient les nuances ou les différences que je peux avoir sur telle ou telle question, je considère que le programme des « Jours Heureux » porté par Fabien Roussel est celui qui se rapproche le plus de mes convictions.

Je ne dis pas cela par suivisme ou discipline de parti. J’ai en effet lu attentivement les programmes des autres candidats se réclamant de la gauche. Celui d’Anne Hidalgo est trop soumis à la logique du social-libéralisme et du « hollandisme ». Celui de Yannick Jadot porte la marque d’une écologie compatible avec la loi du profit, ce que les médias appellent le « green- wasching ». Quant à celui de Jean Luc Mélenchon deux choses me chagrinent : contrairement à ce que disent ses militants l’Avenir en Commun a bien évolué depuis 2012 et 2017, pour être aujourd’hui devenu trop keynésien à mon goût. Certes il privilégie la demande mais sans s’attaquer réellement au pouvoir de la finance et des banques, ce qui risque de nous faire revivre immanquablement le syndrome des années 1981- 1983, on commence à gauche et on vire à droite rapidement. En second lieu la campagne de JLM est trop marquée par le culte de sa personnalité avec les avatars antidémocratiques que cela charrie inévitablement pour l’avenir. Décidément, l’histoire nous le rappelle : il n’y a pas de sauveur suprême !

Rassembler la gauche suppose au contraire de le faire autour de valeurs, d’idées et de démarche résolument de gauche. C’est pourquoi il est important que le score de Fabien Roussel soit le plus élevé possible car il y aura une vie politique et sociale après la présidentielle.

Je voterai donc et j’appelle à voter pour Fabien Roussel.

Ma réaction sur les réseaux sociaux.

 Il faut en effet faire son choix en pensant à l'avenir de la gauche. En partant de ce qu'elle est devenue avec une candidate du parti socialiste devancée par Philippe Poutou, candidat du NPA et encore plus nettement par Jean Lassalle. Avec un candidat Vert qui bafoue la tradition pacifiste de son mouvement pour lui substituer les positions les plus guerrières de toutes les formations politiques françaises.

Avec notre candidat qui va avoir toutes les peines du monde à atteindre le score de Ian Brossat lors des dernières élections européennes, qui nous ont exclus du Parlement européen.

Mais comment penser à l'avenir et avec qui s'il apparaît aux yeux des progressistes que nous avons combattu leur aspiration à ce que l'extrême droite et la droite soit éliminées dès le premier tour ?

Ce que tu qualifies de vote utile n'est que leur refus de devoir revoter au second pour Emmanuel Macron et sa retraite à 65 ans. Ils ont bien des raisons de ne pas vouloir recommencer ne serait-ce qu'en constatant que de barrage en barrage, l'extrême droite ne cesse de progresser, avec maintenant un canal ouvertement fascisant, et une plus grande facilité à diffuser dans toute la société ses métastases racistes, xénophobes et antisémites.

Or cette extrême droite installée au centre de notre vie politique, est aux portes du pouvoir et si le processus de décomposition/recomposition va à son terme, elle y accèdera, en alternance avec une autre formation allant du PS à la droite chiraquienne.

C'est de cela dont il sera question lors du premier tour de l'élection présidentielle et j'ai beaucoup de mal à admettre que le premier acte fondateur de la nouvelle ère de la gauche à laquelle nous aspirons, commencera par un appel unanime à revoter Macron.

Ne serait-il pas plus cohérent de se mobiliser pour donner une chance à toutes ces électrices et électeurs qui préfèreraient de beaucoup pouvoir voter au deuxième tour pour un candidat de gauche, c'est à dire en conformité avec leurs convictions ? De pouvoir le faire aussi aux élections législatives et pendant cinq ans dans une confrontation gauche/droite plutôt que droite et gauche en même temps qui ne fait qu'ajouter de la droite à la droite sous la pression permanente de son extrême.

L'opposition à l'extrême droite ne saurait continuer à n'être brandie que tous les cinq ans, entre les deux tours, pour voter en faveur du monarque en place.

Stop ou encore ?

L'heure de vérité approche. J’ai proposé pour en sortir la tête haute que notre parti, son candidat s'adressent largement à gauche et pas seulement aux formations politiques pour examiner ensemble comment contribuer à donner toutes ses chances à l'élimination de l'extrême droite et la droite dès le premier tour et de pouvoir voter pour une gauche qui aurait permis beaucoup plus que sauver l'honneur.

Deux principes pourraient guider la réflexion commune : les partis n'existent pas pour eux- mêmes mais pour les causes et valeurs qu'ils défendent et la fin ne saurait justifier les moyens. Il est encore temps. 

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