C’est pour Emmanuel Macron que l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale et le choix d’un premier ministre sont liés. Inverser les rôles serait malhonnête.
Le président refuse de respecter le verdict des urnes.
Dans sa « Lettre aux Français » et dans ses déclarations, il impose aux députés, au nom sans doute du respect de la séparation des pouvoirs, principe de base de la Constitution, de construire une majorité autour de son parti, excluant LFI et le RN.
Les exclusions arbitraires, quand elles sont pratiquées par les dirigeants de LFI, sont pourtant largement dénoncées.
Or le parti du président vient de perdre successivement trois élections et les députés des deux formations qu’il exclut arbitrairement ont été régulièrement élus, comme les autres. Ceux du RN ont cependant été écartés du pouvoir le 7 juillet, par le suffrage universel.
Le joueur de poker-menteur élyséen cherche à légitimer ses dénis de démocratie. L’élection de la présidence de l’Assemblée nationale lui offre une occasion privilégiée de le faire.
Toutes les composantes du Nouveau Front Populaire savent que la seule parade dont elles disposent, c’est leur unité, traduite dans deux propositions communes pour la présidence de l’Assemblée et pour la responsabilité de premier ministre, seule possibilité pour conserver la confiance des électrices et électeurs qui viennent de placer en tête les élus du NFP.
Le double message qu'elles envoient à l’opinion est celui de la rupture probable de leur union. Précisément, l’objectif que poursuit le maître des horloges et qu’il avait déjà atteint en détruisant la Nupes.
Les vieux démons de la gauche reprennent le dessus.
La pression populaire s’est relâchée après que l’objectif qui était à l’origine d’une puissante dynamique victorieuse du RN ait été atteint. Bardella ne serait pas le premier ministre de la France.
Le comportement actuel du NFP va donner raison à Marine Le Pen quand elle déclare, s’agissant de la prochaine élection présidentielle, que le RN « n’avait reculé que pour mieux sauter ».
Le 18 juillet, c’est cela qui va se jouer à l’Assemblée nationale. Heureusement, aussi dans sa proximité et celles des préfectures.
C’est dire l’importance des rassemblements prévus ce jour-là.
Mais on peut redouter que le cœur n’y soit déjà plus et que le charme soit rompu.
Le Parti socialiste est soucieux avant tout d’imposer son hégémonie à ses partenaires. Sous couvert de la prétendue recherche de candidatures consensuelles, il a d’abord rejeté celles de ses alliés et voulu imposer celle de son premier secrétaire.
Aujourd’hui, il sort de son chapeau une candidature dite de la société civile qui ne vient donc pas d’être légitimée par le suffrage universel et qui ne sort pas de l’Assemblée nationale, redevenue, dit-on, le cœur battant de la démocratie.
Haute fonctionnaire, elle appartient à la sensibilité socialiste, ce qui ne constitue pas un crime ni non plus un gage d’indépendance. S’étant montrée publiquement favorable à certains rapprochements avec la Macronie, on comprend mal qu’elle soit déjà adoubée, paraît-il, par trois partis politiques du NFP, sans autres engagements de sa part.
Qu’en pensent les composantes syndicales et associatives du Nouveau Front populaire ? Qu’en pensent les citoyennes et citoyens auxquels il a redonné tant d’espoirs ?
Celles et ceux qui vont se rassembler à Perpignan, commune dirigée par l’extrême droite, à l'appel ici de nombreuses organisations, dans d’autres villes-préfectures et à Paris, le 18 juillet prochain ?