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Billet de blog 17 mars 2022

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Parler la même langue que les électeurs de gauche.

Stop ou encore ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’élection présidentielle qui arrive dans moins d’un mois a des caractéristiques totalement inédites. Or, la plupart des partis politiques et des candidats l’ont abordée avec les mêmes lunettes que les précédentes. C’est dire combien ils vivent dans une tour d’ivoire de plus en plus coupée de la vie réelle de nos concitoyens.

Comment avoir cru que la pandémie et la guerre n’allaient pas considérablement influencer son résultat au bénéfice de celui qui tient le manche ?

Comment avoir cru à la légende selon laquelle les partis traditionnels avaient retrouvé leur force propulsive au soir d’élections régionales sans électeurs ?

On voit bien aujourd’hui que tous ces partis -PS, PCF et LR-connaissent une profonde crise d’identité qu’ils sont les seuls à nier alors qu’elle menace leur existence.

Qui aurait pu imaginer que la candidate du parti socialiste dispute la dernière place de la compétition à Philippe Poutou et Jean Lassalle ? Que le parti communiste soit loin d’être assuré d’obtenir un meilleur résultat qu’aux dernières élections européennes qui l’ont exclu du Parlement européen ?

Qui aurait pu s’attendre à ce que le candidat des Verts, formation traditionnellement pacifiste, soit aujourd’hui le chef de file des va-t’en guerre ?

Quant à Valérie Pécresse, vouloir disputer son terrain à l’extrême droite la conduit en enfer.

Que n’a-t-elle remarqué que cette extrême droite avait le vent en poupe. Les autres partis non plus qui ont peu ou prou aidé Emmanuel Macron à la mettre au centre de la vie politique française. On ne compte plus les conseils des ministres qui ont eu pour thèmes des sujets sortis du magasin des horreurs d’une extrême droite raciste, xénophobe, antisémite.

Maintenant nous en avons deux, avec une du canal fascisant. Quelle efficacité du barrage censé lui couper les ailes entre les deux tours des élections présidentielles ! Jamais le terrain n’a été aussi propice à la dissémination de ses métastases mortelles dans l’ensemble de la société.

Si le processus de décomposition/recomposition des formations politiques va à son terme, elle pourra raisonnablement espérer accéder au pouvoir d’un des pays capitalistes les plus développés.

Or, ce processus est l’objectif majeur d’Emmanuel Macron et des forces du capital qui le soutiennent. Il et elles estiment en effet que l’alternance, à l’américaine, de deux formations politiques acquises à la société de marché, leur éviterait toute mauvaise surprise.

Quelles sont les formations politiques et sociales qui s’opposent à un tel projet destructeur de solidarités et de tout ce que les générations qui nous ont précédés avaient réussi à soustraire des griffes du capital et de la propriété privée pour faire de la France, encore aujourd’hui, une nation qui se distingue des autres ?  

Sûrement pas celles qui nous proposent de continuer comme avant sans ne rien changer. De revoter au deuxième tour pour Macron et sa retraite à 65 ans, assortie d’une extrême droite au top niveau.

Il en est même, à gauche, pour qui ce serait une catastrophe si se présentait l’éventualité d'écarter extrême droite et droite dès le premier tour et ainsi de disposer du choix de voter à gauche au second, conformémént à ses convictions.

Pour elles et pour Macron, rien n'est plus urgent que d'abattre l'Insoumis marseillais dont l'âge limite pourtant considérablement les possibilités d'avenir et donc, à leurs yeux, de nuisances.

C'est leur système qu'ils défendent.

A une électrice, un électeur de gauche qui souhaiteraient voter pour ce qu'ils croient, allez donc répondre : « L’extrême droite, on s’en occupera au deuxième tour tous ensemble. L’urgence, c’est le premier tour et d’y voter Hidalgo, Jadot ou Roussel. »

Notez bien leurs réactions.

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