On voit combien tous ceux qui adoraient le capitalisme d’avant sont embarrassés pour définir celui qui arrive des Etats-Unis. Ils s’en sortent en prétendant que Trump est fou et en soulignant ses incohérences. Poutine subit le même sort. Ainsi, le veau d’or continue d’être protégé.
Le projet Trump-Musk est la version autoritaire, fascisante imaginée par les oligarques US pour affronter la crise de leur système et la montée en puissance de la Chine, de l’Inde et de l’Asie. Sous peu, ce sera celle de l‘Afrique. Ces bouleversements dans lesquels la démographie et les progrès technologiques jouent un grand rôle s’accompagnent du déclin de l’Union européenne. Cette analyse est un véritable sacrilège car elle pourrait aider les populations à comprendre ce qui arrive.
Or, l’effet de surprise, les incohérences d’un projet qui n’hésite pas à s’assoir sur ses anciennes valeurs sont indispensables pour tétaniser les peuples afin de neutraliser leurs réactions. Sinon, ces derniers pourraient bien se mettre en tête de chercher à dépasser le capitalisme.
C’est en cela que notre époque est historique et qu’elle est marquée par une lutte des classes de haute intensité à l’échelle mondiale dans laquelle le capital a pris de l’avance sur le travail. Mais rien n’est encore joué. Tout se joue maintenant avec le handicap de forces politiques et sociales qui ont renoncé à mener ce combat et ont choisi de collaborer.
Or, le dérèglement climatique et la multiplication des conflits armés introduisent de l’urgence dans les phénomènes en cours. Une course de vitesse est engagée avec un des participants qui est lesté d’un poids qui le handicape. Le poids de la fatalité, de la peur du changement et de l’ignorance.
Des enfants, chaque jour, meurent à Gaza, la vie d'otages est sacrifiée. Les premiers sont pleurés dans le monde entier. Nous sommes solidaires des seconds. Et rien ne change. Seuls le désespoir et le sentiment d'impuissance s'approfondissent.
La culture, l'art sont accessoires, ruinés par l'argent roi.
Donner une gifle à un gamin peut encore être considéré comme un acte éducatif. C'est un premier ministre qui l'affirme. Il a affiché sa supériorité masculine face à deux femmes. Quel courage ! Le même que montre le président du groupe socialiste qui n'a pas une parole de soutien pour une députée de son groupe malmenée dans l'exercice de responsabilités qui lui ont été confiées par un vote unanime de l'Assemblée nationale. Un président de la République qui n'a rien à faire du principe de séparation des pouvoirs dont il souligne par ailleurs qu'il est un des fondements de la République. Une extrême droite qui défend son fonds de commerce en prétendant que la commission d'enquête à laquelle elle participe ternit la réputation de l'enseignement catholique, façon originale d'afficher son opposition à un pouvoir qu'elle soutient à bout de bras. Le résultat de tant de méconnaissances n'est autre que l'indigence des annonces faites par le chef du gouvernement pour que plus jamais des enfants soient violés par des adultes laïcs ou religieux chargés de leur éducation, que plus jamais ces derniers bénéficient de la complicité d'un silence coupable. Tout pourra donc continuer comme avant. Un choix de civilisation vient ainsi d'être remis dans un placard dont il n'aurait jamais dû sortir.
La science, la connaissance, l'éducation, leurs méthodes, leurs chercheurs sont donc attaqués comme jamais. Partout, la promotion des croyances et des religions est organisée, le bon sens supplante le doute et la démarche scientifique. Les expériences populaires sont méprisées. Le paraître a pris le dessus sur l'être. La quête de sens est universelle.
Rien n’est improvisé, tout est calculé avec des outils de propagande d’une puissance inouïe. La lutte des idées, la politique au sens noble du terme voient leur champ d’action s’élargir alors qu’elles connaissent une crise qui les ridiculise. La contradiction est partout. La dialectique est en voie de disparition. On n’y comprend plus rien.
Les extrêmes droites en profitent. L'ignorance est leur domaine privilégié.