Quelles solutions alors que les femmes, les hommes et les jeunes qui avaient obtenu qu’enfin l’union se réalise sur un programme prennent conscience qu’une fois de plus ils ont été trompés par des partis politiques qui retrouvent les comportements qui ont amené l’extrême droite aux portes du pouvoir ?
La déception est immense.
Surtout qu’elle intervient après une magnifique victoire, à certains égards inespérés, qui a écarté, momentanément, le RN de Matignon.
Ceux qui voient dans le voisin, dans le jeune à la peau basanée, les responsables de leur déclassement social sont toujours là, aussi nombreux.
Le Nouveau Front Populaire, qui est bien plus qu’une alliance de partis politiques, est redevenu le champ clos d’affrontements pour la conquête d’une hégémonie idéologique des uns sur les autres, au nom de la recherche d’un consensus et d’une introuvable majorité, dans une société dans laquelle les producteurs de richesses sont perpétuellement sous la domination d’une infime minorité de possédants.
Le programme qui devait changer tant de vies est passé par-dessus bord.
Les syndicats, les associations, parties prenantes du NFP qui ont contribué au succès du 7 juillet, sont superbement ignorés.
Les règles de vie commune adoptées à la création de la nouvelle alliance sont sans cesse modifiées avec l’objectif de garantir à certaines des composantes leur domination sur les autres.
Des alliances se nouent dans le plus grand secret. On se réunit en dissimulant les lieux des rencontres. On se téléphone, on fréquente le pouvoir. On adopte ses méthodes détestées. On utilise sa presse.
Son objectif de tuer le NFP, après l’avoir fait avec la Nupes, est à nouveau partagé.
L’exclusion de l’arc républicain d’un des alliés est redevenu l’instrument commun de la division des forces de progrès.
Les individus, les forces vives, après pendant une courte période avoir écrit l’histoire, sont à nouveau marginalisés, supplantés par une bourgeoisie radicalisée.
Le maître des horloges, au mépris des règles les plus élémentaires de la démocratie, reprend la main, voit ses méthodes brutales reprises par ses opposants.
Son objectif est en passe d’être atteint puisque ces derniers en sont à réclamer de pouvoir, cette fois au grand jour, pratiquer ce que jadis on nommait la collaboration de classes.
Le moteur en est toujours le même alors qu’il est puissamment nié au nom d’un apaisement et d’un bon sens qui sont d’une violence inouïe pour un peuple désemparé.
Les dégâts sont immenses, profonds. Ils seront durables.
Tuer un si grand espoir dégoûte de l’activité politique celles et ceux qui devraient en être les principaux acteurs, les citoyens, et en premier lieu les jeunes.
D’avoir baissé la garde un soir de grand bonheur du mois de juillet 2024 se paye très cher.
Le pire est à venir.
Les fascistes ripolinés vont pouvoir prendre leur revanche.
Y-aura-t-il un sursaut ?
On peut en douter.
Les occasions de modifier, même qu'un peu, le cours de l’histoire du capitalisme se présentent rarement deux fois en un temps si court.
Son dépassement ne serait pas la question du moment. Seuls des philosophes semblent encore s’en préoccuper.
Demain, les rassemblements nous en diront peut-être un peu plus.
Nous nous efforcerons de rester les yeux grand ouverts.