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Billet de blog 17 décembre 2024

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Sans vous, ce sera foutu.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jean-Luc Mélenchon vient d’annoncer qu’il y aurait un candidat de LFI à la prochaine élection présidentielle.

Ce n’est pas un scoop, ils ne pensent tous qu’à ça et de longue date, encore bien plus car le sortant ne peut pas se représenter.

Au Parti socialiste, on retrouve François Hollande obsédé par le désir de prendre sa revanche. Jusqu’à Fabien Roussel qui rêve d’appliquer les mandats reçus de son parti de toujours être présent à l’élection reine sous peine de disparition de l’identité communiste ! Quant à François Ruffin, il ne cache même plus ses intentions.

De quel droit se verraient-ils interdire d’avoir des ambitions pour leur pays ?

Mélenchon ne dit pas qu’il sera ce candidat commun que sa formation ferait l’honneur de mettre à la disposition de ses alliés. D’abord, en quoi serait-il commun si le rejeter était impossible ? Cette candidature dite commune aurait tous les habits d’une candidature imposée, que le leader des Insoumis a choisi de présenter pour faire face à toutes les éventualités. La première, si l’élection présidentielle était anticipée et alors le candidat tout désigné se nommerait Jean-Luc Mélenchon que les sondages désignent comme étant de loin le meilleur pour jouer ce rôle. La seconde, si le calendrier électoral était respecté, qui verrait s’imposer à tous une candidature LFI non encore désignée.

S’il ne s’agissait que de faire de la figuration au premier tour de l’élection présidentielle, pourquoi pas ? Chacune, chacun pourrait même, une candidature en tête, partir la fleur au fusil et attendre qu’un miracle la transforme en candidature porteuse d’un projet transformateur unique, ce qu’il a été impossible de réaliser aux élections européennes qui a permis au RN de provoquer un tsunami électoral dont nous subissons les terribles conséquences. La même conclusion avait déjà marqué la dernière élection présidentielle. La leçon n’en a été tirée que pour une courte période, celle qui a suivi la dissolution. Ce qui a permis d’empêcher que Bardella ne devienne le locataire de Matignon.  Qu’à cela ne tienne, reprenons le cours normal de nos divisions !

En revanche, si l’ambition est cette fois de l’emporter, il convient de changer radicalement son fusil d’épaule.

Nous ne sommes plus en 1981, encore moins en 2022.

L’élection du Président au suffrage universel a perverti toute la vie politique. L’inversion des scrutins présidentiel et législatif en a accru les conséquences mortifères pour la démocratie. Compte tenu du mode de scrutin et de l’extrême faiblesse de la gauche, pour se donner une chance de remporter l’élection présidentielle et ne serait-ce que pour franchir l’obstacle du premier tour, la recherche du commun et du collectif s’impose, indépendamment de l’opinion que chacune, chacun en a. Le nier serait accorder la plus grande probabilité à une défaite annoncée et à une victoire comme jamais prévisible de la candidature de l’extrême droite.

Plusieurs obstacles de taille, cependant bien connus, sont à surmonter. Le premier serait que les citoyens s’en remettent exclusivement aux partis politiques.

La lutte pour gagner l’hégémonie électorale qui conditionne leurs existences les anime tous, sans aucune exception. Elle est un puissant facteur de division dans la mesure où, pour se faire repérer des électeurs, l’illusion serait qu’il conviendrait de mettre bien plus l’accent sur ce qui sépare que sur ce qui rassemble. Avec pour résultat, un progrès de l’abstention, un rejet de l’activité politique telle qu’elle est et une défiance à l’encontre des dirigeants politiques qui n’a d’égale que celle qui affecte les journalistes et les politologues.

La profonde crise multiforme que connaît le pays donne aujourd’hui à cette élection présidentielle française un trait original à celle, globale et systémique, dont elle est l’expression, la crise du capitalisme. Nous entrons là dans un domaine que bien des marxistes ou qui se prétendent comme tels semblent avoir abandonné.  

On ne sait même plus quand l’élection aura lieu et François Bayrou, en échouant ou en démissionnant, a acquis le statut de maître des horloges dont il a dépossédé un Emmanuel Macron totalement dévalorisé. Rares sont les observateurs qui ont remarqué cette inversion des pouvoirs au sommet de l’Etat.

Raisonner comme d’habitude est plus confortable que de prendre en compte ce qui a changé qui réclame travail, analyses et confrontations. Bref, des efforts que beaucoup ont perdu l’habitude de produire.

Si François Bayrou réussit à faire voter un budget par l’Assemblée nationale, grâce à la complicité active ou passive du Parti socialiste, il deviendra dès lors un prétendant sérieux pour l’Elysée, capable d’éclipser tous les autres défenseurs des intérêts de la bourgeoisie et d’apparaître en situation de battre Marine Le Pen au second tour. Il semble qu’il y soit déterminé puisque d’emblée, il rencontre tous les groupes de l’Assemblée nationale, enfreignant ostensiblement le mandat que lui avait confié Emmanuel Macron d’exclure LFI et le RN, dont le nouveau premier ministre considère qu'ils représentent une importante proportion de l’arc républicain. Pourtant de taille, cette différence passerait inaperçue. Mon œil !

Pour compléter le tableau, le maire de Pau fait un pied-de-nez au Président en préférant boycotter une réunion que ce dernier préside, consacrée à la catastrophe qui assassine la population de Mayotte déjà tant discriminée. Sans la moindre retenue, il impose de siéger dans sa mairie tout en prétendant résoudre une crise qualifiée d’historique. Aussi déterminé que Henri IV.

Silence dans les rédactions.

 Il faudrait être naïf, connaissant ce qu’a été le parcours de François Bayrou, pour croire qu’il laisserait passer l’occasion d’accomplir le rêve de toute une vie. Mais les naïfs, les aveugles, accompagnés de quelques borgnes, ça ne manque pas dans l’activité politique.

Pour gagner l’élection présidentielle, pour que cela se traduise par des changements durables dans la vie de la majorité de la population et de la jeunesse, il ne suffira pas d’un claquement de doigts. Elle a été conçue pour que ce soit toujours un représentant de la même classe sociale qui la remporte. Il convient donc de l’inscrire dans un processus de la lutte des classes.

 En premier lieu, la super austérité, les vagues de licenciements imposent d’accorder une priorité aux mobilisations populaires unitaires pour résister et obtenir des résultats. La stabilité sociale n’est absolument pas d’actualité ni pour faire face aux fins de mois plus que difficiles, conserver ou trouver un emploi, un logement, un médecin ni pour préparer les échéances électorales.

Ces dernières appellent la mise en œuvre d’un processus démocratique inédit qui associe ensemble les trois dimensions du triptyque projet-démocratie-union.

Quels sont les citoyennes et citoyens concernés ? Ceux qui veulent changer la donne en France pour de nouveaux progrès de civilisation, en accordant une attention particulière aux plus jeunes d’entre nous, l’avenir du pays. Il s’agit ni plus ni moins que d’en faire les acteurs principaux d’une séquence de la vie publique, exclusivité jusqu’ici de partis politiques qui se voyaient déléguer nos responsabilités individuelles avec les résultats que l’on sait.

Si certaines organisations politiques, sociales ou associatives veulent s’investir, dans le respect de leurs spécificités, dans la construction de cette dynamique populaire, elles seront les bienvenues et y gagneront respectabilité, reconnaissance et autorité.

Quand ? Le plus vite possible car tout s’accélère et certains appuient sur l’accélérateur. La bourgeoisie elle-même pourrait bien y trouver un intérêt.

 Il va de soi que cette modeste contribution à la réflexion commune espère être enrichie, contestée et même rejetée si du meilleur est proposé. Ce qui peut faire la force d’idées, c’est quand elles vous échappent et que d’autres, nombreux, s’en emparent.

A situation historique, réponses et pratiques inédites.

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