La responsabilité de la division, toutes les forces politiques qui constituent le Nouveau Front Populaire en ont pris leur part. Toutes ont contribué à l’ascension de l’extrême droite pas seulement avec cette division mais en ayant l’illusion qu’en reprenant à leur compte les thèmes favoris de la digne fille de son père, ces partis caressent l’espoir d’atteindre leur obsession, la remontée de leur influence électorale et l’hégémonie des idées dont ils considèrent qu’elles conditionnent leur existence.
Au lieu d’œuvrer à la construction d’une alternative rassembleuse, transformatrice, démocratique et populaire aux choix d’une bourgeoisie radicalisée qui désormais pactise avec le fascisme ripoliné de notre époque pour maintenir sa domination sur notre travail et nos vies, c’est la bête immonde qui progresse partout.
Elle vient d’obtenir une victoire éclatante dans le pays phare du capitalisme, les Etats-Unis et y dispose de tous les pouvoirs, ce qui n’était pas le cas.
Leur succès, nous avons considéré qu’il devait beaucoup à l’incapacité de la candidate démocrate d’offrir une alternative transformatrice au projet dévastateur de ses adversaires. En même temps, elle l’a qualifié de fasciste et repris à son compte, par exemple, leur discours sur l’immigration et l’accusation selon laquelle Bernie Sanders serait coupable d’antisémitisme. Cela ne vous rappelle rien ?
Je considère que la crise multiforme que connaît notre pays, dont les causes remontent loin alors qu'elle engage pleinement la responsabilité du monarque autoritaire, méprisant et cynique qui occupe le Palais de l’Elysée, est une variante de celle, avec ses spécificités, systémique et globale du capitalisme à laquelle le projet victorieux du duo américain souhaite répondre pour maintenir et étendre sa domination. Ils sont bien peu nombreux ceux qui ici font cette analyse. Il est vrai qu’une part importante des efforts idéologiques déployés par les gouvernants, les dirigeants et actionnaires des multinationales, les médias qu’ils possèdent et la plupart des autres, consiste à masquer cette réalité.
Avant son entrée triomphale à la Maison Blanche, le duo Trump-Musk annonce fièrement la couleur. Il entend diffuser ses métastases à la planète entière.
Que d’efforts idéologiques pour déconnecter notre crise multiforme de celle qui a conduit à la situation de nos meilleurs alliés ! On a le droit de penser qu'ils bluffent mais aussi de prendre très au sérieux ce qu'ils proclament et entreprennent.
La vie sur terre est désormais sous la menace extrême des conséquences du dérèglement climatique, d’une guerre nucléaire, de la progression des inégalités et des injustices qui sont le terreau de la haine de l’étranger, des fléaux du racisme et de l’antisémitisme.
Nos deux précurseurs n’en ont cure. Grâce au détournement de l’Intelligence Artificielle, le même qui a accompagné celui de l’énergie nucléaire à des fins militaires, c’est sur une autre planète que les oligarques ont prévu de s’échapper.
Les rares périodes d’unité sont dues, tout à la fois, aux conditions que des institutions sur mesure imposent pour pouvoir remporter les compétitions électorales et surtout à la pression qu’exerce la partie de la population et de la jeunesse restée fidèle à l’idée de progrès de civilisation et d’avancées de l’Humanité.
Elle a du mérite car jusqu’au parti qui, en principe, a vocation à œuvrer au dépassement du capitalisme de lui proposer l’ambition de retrouver la merveilleuse stabilité que cette organisation de la société, dans sa dernière phase de développement, procurerait.
Tout est ainsi chamboulé et s'accélère. Les clarifications et les prises de conscience aussi. Mais c'est Emanuel Macron qui intitule son dernier ouvrage "Révolution" !
Avant, les partis de gouvernement trahissaient leurs engagements alors qu’ils gouvernaient, ce qui a été une cause essentielle de la progression de l’extrême droite. Désormais, il conviendrait de trahir les engagements pris devant les électeurs lors des élections législatives anticipées pour bénéficier après de cette chance qu’offre la satisfaction de pouvoir gouverner un jour. Pour faire quoi ? On n’arrête pas le progrès !
Celui qu’attendent beaucoup de nos concitoyens, la part d’entre eux qui ne désespèrent pas de leur capacité de changer la vie et le monde, la jeunesse l’ont entre leurs mains.
J’ai la faiblesse de penser qu’ils n’attendent pas des partis auxquels ils continuent d’accorder leur confiance qu’ils participent de près ou de loin à accorder à leurs bourreaux le temps que ces derniers réclament pour pouvoir poursuive et achever l’œuvre destructrice des acquis sociaux et démocratiques entreprise ces dernières décennies. Ce temps, Emmanuel Macron a souhaité l'obtenir avec une dissolution et un déni flagrant de démocratie.
Dans quelle autre République confie-t-on les destinées d'une nation à des hommes providentiels issus de formations politiques représentatives de 6% des opinions de la population pour les refuser à une femme porteuse de l'influence qui a permis d'arriver en tête de la même élection et d'écarter Bardella de l'Hôtel de Matignon ?
C’est en se tournant vers ceux qui ont mouillé la chemise pour obtenir ce résultat, pour certains inespéré, que l’activité politique sortira de l’insignifiance dans laquelle elle s’est installée pour trouver ses lettres de noblesse. Si elle le faisait avec l’ambition de retrouver ce qui a échoué au XXe siècle, les conséquences seraient les mêmes.
Notre responsabilité consiste à écrire une page inédite de notre histoire. Je ne vois pas d’autre moteur que la lutte des classes pour y parvenir de façon pacifique. J’ai conscience que la cohabitation de cette conviction et de la coopération de classes antagoniques n’a pas de sens. Pourtant, cette connivence n’est pas inscrite pour toujours dans le marbre.
Rien qui dépend de la volonté humaine n’est éternel. L’éternité, ce sont les religions qui la promettent, mais qu’à ceux qui la méritent et après leur mort. Sages précautions.