Un rapport de forces victorieux n'est pas que celui créé par les travailleurs en grève. Aujourd'hui, si la gène provoquée par la pénurie de carburant prend le dessus sur la sympathie et la solidarité qu'expriment nos concitoyens envers un mouvement dont ils considèrent qu'il défend leur propre exigence d'augmentation salariale, s'il est admis que cette gène est provoquée par la mobilisation de peu de salariés, les grévistes ne verront pas leurs légitimes revendications satisfaites.
Ils avaient pourtant bien compris que Total et ESSO, avec leurs superprofits, pouvaient payer et au centuple. Le pays dans son entier le sait. Or, l'objectif est bien que les 10% d'augmentation légitimes soient sur la feuille de paie et que l'ensemble du salariat voit la rémunération de son travail améliorée.
L'action n'est pas menée pour elle-même, mais pour obtenir des résultats, ici et maintenant, en ce mois d'octobre 2022. Et encore moins quand près d'un mois de salaires auront été sacrifiés dans les raffineries.
Le gouvernement et le patronat ont donc fait le choix de faire durer le conflit, en misant sur la colère que provoque une pénurie qui empoisonne la vie de tout le monde. Très visible pour ses conséquences, elle peut aussi devenir insupportable, encore plus avec la proximités des congés de la Toussaint.
Nos adversaires maîtrisent parfaitement la lutte de classes. Stimulant le désordre en faisant durer le conflit, le provoquant à coups de réquisitions, ils s'efforcent d'apparaître comme ayant l'ambition de vouloir rétablir l'ordre, le leur, celui du système capitaliste.
Dès lors qu'ils ont choisi que l'affrontement se situe sur ce terrain politique, droite et extrême droite font de la surenchère. Les analyses, les propositions, les explications des forces de gauche devraient donc tout simplement aider à ce que les travailleurs ne soient pas isolés afin qu'ils puissent l'emporter. Toujours l'obsession d'obtenir des résultats.