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Billet de blog 20 février 2024

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Emmanuel Macron dans "L'Humanité"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Deux jours avant l’entrée au Panthéon de Missak et Mélina Manouchian, le lundi 19 février, les lecteurs habituels de « l’Humanité » ont retrouvé Emmanuel Macron dans le quotidien créé par Jean Jaurès.

Il aura fallu encore plus de temps pour que cela se produise que n’a duré l’attente de l’hommage enfin rendu à l’admirable Résistance étrangère de « terroristes » communistes.

En effet, jamais aucun président de la République n’avait jusqu’ici eu l’honneur de s’exprimer dans une publication qui combat radicalement le système capitaliste dont tous sont l’incarnation la plus élevée dans la nation. Tous s’étaient heurtés à un refus poli mais catégorique des directions du journal et de leurs rédactions.

Pourtant, ils n’avaient pas ménagé leurs efforts pour y parvenir. En vain.

Cette fois, ce serait de « L’Humanité » que l’invitation serait partie à un moment où le chef de l’Etat est en campagne électorale avant un scrutin européen auquel il accorde une très grande importance, ce en quoi il a raison.

N’a-t-il pas été jusqu’à créé la surprise en nommant un très jeune  premier ministre très populaire, seul capable à ses yeux de rendre crédible un duel Attal-Bardella, copie conforme du Macron-Le Pen qui, à deux reprises, lui avait permis de l’emporter ?

Si « L’Humanité » est à l’origine d’un rendez-vous négocié avec l’Elysée, le moment choisi  permet à Emmanuel Macron de pratiquer son exercice favori qui consiste à travestir, avec ses talents de communicants, une politique qui doit tout à la classe qui domine la société capitaliste.

Pouvoir, à cette occasion, utiliser les Manouchian pour se disculper d’une loi sur l’immigration et d’un projet d’abandon partiel du droit du sol que réclame de longue date l’extrême droite qui a voté la première, pouvoir le faire devant les progressistes que sont pour l’essentiel les lecteurs de « L’Humanité », moins de quatre mois avant un vote décisif, présentait sans aucun doute quelques avantages pour le locataire de l’Elysée, en quête de légitimité depuis les dernières élections législatives perdues.

Que ce soit « L’Humanité », seul quotidien français à mettre en « une «  le combat pour la paix qui invite un président qui veut ajouter des armes aux armes ne peut que surprendre qui a en tête les magnifiques propos pacifiques de Missak sur le peuple allemand, rédigés à l’heure de sa mort.

Il n’y a donc pas eu de surprises pour les abonnés à la lecture de l’interview. Pas plus celle des réponses d’Emmanuel Macron que celle des questions et des commentaires des journalistes, impeccables et implacables.

Tout est resté dans l’ordre initial et Mme Le Pen pourra se rendre au Panthéon accompagnée des regrets du président exprimés dans le journal de sensibilité communiste.

Quel cynisme !

Ne restera que la question politique qui rend impossible la banalisation de la première interview d’un président de la République française. On ne peut y répondre, sous peine d’être accusé de noyer le poisson, par un banal : « C’est normal, tous les journaux publient des interviews du président ». 

Ce qui est vrai et pas que les journaux !

Mais pourquoi aussi « L’Humanité » et pourquoi maintenant ?

Le pire, à mes yeux, serait qu’elle ne soit pas posée et débattue.

Dans l'intérêt même d'un journal aussi utile, élément du patrimoine national indispensable au pluralisme de la presse et donc à l'exercice de la démocratie.

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