François Bayrou doit en décevoir beaucoup. En si peu de temps, il bat un nouveau record, sur la forme et sur le fond.
Cette fin de Ve République nous aura réservé bien des surprises.
Dès ses premières journées à Matignon, cet homme politique aussi expérimenté, candidat perpétuel à l'Elysée, précurseur du "En même temps", est apparu comme un bambin d'école maternelle le jour de sa première rentrée scolaire.
Il faut dire qu'il avait occupé le ministère de l'Education nationale en ne s'y faisant remarquer que par une reculade spectaculaire à propos de la loi Falloux.
La meute des journalistes lui est tombée sur le dos. Pourtant, il venait de réussir un exploit extraordinaire : s'imposer en tordant le bras à sa Majesté Emmanuel Macron.
Sur le fond, le plus remarquable, c'est qu'il n’y en a pas.
Juste une tentative d'attirer les souris avec un morceau de gruyère en leur parlant de la réforme des retraites. Il ressortait de sa berceuse que la réforme continuerait à s'appliquer. Aucune souris n'est tombée dans le piège.
Certaines l'ont exprimé plus nettement que d'autres.
Dédicace spéciale pour les souris vertes, sur la forme, deux femmes, et sur le fond. Mon camarade de Saint-Denis, Stéphane Peu, s'est retrouvé seul devant les caméras, ce qui en soi est déjà une prouesse. Quant à mes amis socialistes, tout en nuances comme souvent, mais précisant nettement qu'ils étaient dans l'opposition.
La France vit une époque formidable. Ses enfants les plus éloignés entendent un ministre de l'Intérieur leur parler d'immigration alors qu'ils se meurent par centaines et que ce sont de crédits pour la reconstruction et de solidité des matériaux utilisés qu'ils voudraient que les autorités venues de la mère patrie leur parlent.
Ces damnés de la terre auront-ils une pensée pour un ancien président de la République qui, porteur d'un bracelet de justice, ne pourra leur rendre la visite de solidarité obligatoire ? Ce que ne manquera sans doute pas de faire la favorite à sa succession, présumée innocente, quoique sous le coup d'un réquisitoire à faire pâlir d'envie un étranger arrivé clandestinement et sous surveillance.
Pendant ces temps très difficiles pour celles et ceux qui se lèvent tôt le matin sans pouvoir pour autant remplir leur frigo à partir du 15 du mois, la classe politique qui, unanime, les protège est en quête de stabilité.
Elle entend éviter le chaos.
Elle n'entend pas Toto crier à tue-tête :
-Le chaos, on est en plein dedans, et c'est Macron qui nous y a mis.
Son petit copain lui a répondu :
-On a compris, tu vas encore nous parler de dissolution et de déni de démocratie, comme la secrétaire de la Cégette !
La vérité sort de la bouche des enfants.