Pendant cinq ans, alors que de tous les bords, tout a été entrepris avec à la baguette le président sortant qui ne sera pas sorti, pour que Mélenchon ne trouble plus un jeu politique bien huilé, comme s'il était, à son âge, le problème numéro 1 qu'affronte notre pays.
C'est un échec cuisant pour tous ceux qui en avaient l'ambition.
Il eut été préférable de consacrer tous ces efforts, cette détermination à lutter contre l'extrême droite et les métastases qu'elle diffuse dans toute la société et la politique.
C'est l'inverse qui a été choisi par Emmanuel Macron et les puissances d'argent dont il est le serviteur zélé.
Pour pérenniser leur pouvoir, ils ont fait le choix d'instrumentaliser le pire en le faisant délibérément grandir afin de stimuler la peur qu'il provoque légitimement et, le moment venu, la retourner à leur bénéfice entre les deux tours de l'élection présidentielle.
De vrais apprentis sorciers.
J'accuse toutes les formations politiques d'y avoir contribué en courant derrière l'extrême droite jusqu'à lui emprunter ses thèmes favoris, comme François Hollande en avait donné l'exemple avec la déchéance de nationalité.
On ne compte plus les conseils des ministres qui ont eu pour ordres du jour des thèmes directement puisés dans le magasin des horreurs de l'extrême droite. On ne compte plus les votes à l'Assemblée nationale pour les approuver au delà de sa majorité automatique. On ne compte plus les médias qui leur ont assuré une publicité exceptionnelle.
Nos concitoyens constatent que cette extrême droite raciste, xénophobe et antisémite à laquelle ils ont voulu faire barrage lors de plusieurs deuxièmes tours, est au mieux de sa forme et qu'elle s'est même multipliée avec un canal ouvertement fascisant.
Et tous ceux qui ont contribué à cette situation voudraient que ces braves citoyens refassent la même chose, attendant patiemment le deuxième tour pour pouvoir revoter Macron et sa retraite à 65 ans, alors qu'ils savent tous depuis longtemps que ce dernier va l'emporter, mais sans doute moins, en tentant de parachever son oeuvre : créer les conditions pour qu'en France l'illusion démocratique soient entretenue par deux formations politiques, acquises au capitalisme à perpétuité, l'une allant du partis socialiste à la partie de la droite restée fidèle à Jacques Chirac, l'autre regroupant l'autre partie et ceux qui à l'extrême droite militent de longue date pour ce rapprochement.
En clair, il s'agirait d'ouvrir les portes du pouvoir à une extrême droite à laquelle nous serions censés faire barrage à chaque deuxième tour d'élection présidentielle.
J'accuse toutes les formations concernées d'en partager la perspective.
Mais quelle serait la place de partis politiques convaincus qu'il faut changer la société ? Qu'il faut changer de société, comme un parti communiste en aurait l'ambition dans un processus démocratique ?
Il est mortel pour eux d'être associés aux précédents. Tel serait le cas s'il ne saisissent pas la chance qui peut être offerte aux électrices et aux électeurs de progrès d'être en mesure d'éliminer l'extrême droite dès le premier tour et ne pas avoir à revoter Macron et sa retraite à 65 ans au deuxième.
Il est mortel pour le parti communiste français de continuer à klaxonner contre le vote utile et donc d'être perçu comme s'opposant à l'aspiration sans doute la plus répandue aujourd'hui dans le monde du travail et de la culture ou en passe de l'être.
Il est encore temps de sauver l'honneur de la gauche.