Que « L’Huma » puisse encore paraître est un défi du quotidien, au double sens du mot.
Référence sur l’information et l’analyse de la situation internationale, avec très peu de moyens, le journal fondé par Jaurès nous rend plus intelligents. C’est souvent aussi le cas pour l’activité culturelle dans toutes ses dimensions.
Bravo donc et très bon anniversaire à ses équipes, à sa direction, à ses amis, à ses lectrices et lecteurs.
Dommage qu’en ce qui concerne la situation nationale, en particulier celle de feue la Nupes, je ne puisse honnêtement en écrire autant.
A l’opposé de ce que réclament certains de mes camarades, je n’attends pas de « L’Humanité » qu’elle redevienne l‘organe central du PCF.
Pour atteindre l’excellence qui est souvent la sienne sur les désordres du monde, je considère au contraire que sa rédaction doit gagner en indépendance.
Je ne prendrai qu’un seul exemple mais il y en a bien d’autres.
Notre pays vit une atteinte de grande ampleur portée à ses libertés démocratiques, en particulier à celle qui souvent conditionne l’exercice de toutes les autres, la liberté d’expression.
Patrick Le Hyaric, l’ancien directeur du journal qui lui doit beaucoup, vient d’exposer les faits dans toute leur portée, leur généralité et gravité.
Contrairement à ce qu’en a dit jusqu’ici « L’Humanité », il ne s’agit pas du problème de Mélenchon et de LFI mais bien de celui d’une nation qui perd peu à peu des libertés conquises par des générations depuis la grande Révolution, sans lesquelles les termes de démocratie et de république n’ont plus de sens.
Les interdits, les poursuites, les outrances se multiplient, le délit d’opinion s’installe à l’image de ce qu’il est déjà dans les dictatures.
Au cœur d’une campagne électorale dont on mesure mieux aujourd’hui les conséquences du scrutin qu’elle prépare, le pire est en passe d’être atteint. Le premier secrétaire du Parti socialiste n’y voit qu’un conflit entre un Insoumis et un président de la République qui sature l’espace médiatique avec son jeune premier ministre.
Les chefs de l’extrême droite eux ont reconnu là une bonne partie de leurs intentions alors que comme jamais ils sentent l’odeur des écuries de l’Elysée.
Bon anniversaire à « L’Humanité », à celles et ceux qui la font, qui la lisent et qui la soutiennent.
Si on lui demande beaucoup, n'est-ce pas parce qu'elle apporte déjà tant ?
Championne incontestable des combats pour la paix, de ceux pour l'égalité, qu'elle le devienne aussi pour ceux de l'extension sans fin des libertés et de la démocratie dans lesquelles, malheureusement, la concurrence éditoriale n'est pas plus forte.
Qui aime bien châtie bien dit-on.