Si l’affaire Bétharram est devenue l’affaire Bayrou, il ne le doit qu’à lui-même et au système de défense qu’il a choisi. Comme tout homme politique qui se respecte, son ambition, c’est l’Elysée. Je l’ai écrit dans un billet de blog quand il a accepté de devenir premier ministre d’un gouvernement minoritaire.
Être capable de relever un tel défi , il a estimé que cela ferait de lui le prochain président de la République. Il en rêvait depuis toujours. Il a pensé que les crimes commis sur des enfants pouvaient compromettre ce à quoi il tient le plus au moment où il croyait atteindre son paradis. François Bayrou sait d’expérience que nos concitoyens ne pardonnent jamais ce qui advient aux gamins et dans les pots de confiture. Il a choisi le système de défense d’un homme du passé. Il a nié en bloc persuadé que le système prendrait sa défense.
Emmanuel Macron, François Hollande, les médias l’on fait. Le président de la République, le garant des institutions, en bafouant la séparation des pouvoirs après le résultat des dernières élections législatives, devenait à l’image de Donald Trump, sans foi ni loi, imposant une force qu’il détient de son élection au suffrage universel.
S’il avait été un homme du présent, François Bayrou aurait compris que ces soutiens le perdraient. Le système n’a sans doute jamais été autant contesté car il se croit tout permis. Que le RN lui apporte un soutien appuyé, que la gauche de gouvernement laisse faire a conduit le premier ministre à commettre sa plus grosse faute. Il est arrivé à son audition « La Meute » à la main, il l’a citée plusieurs fois. Il était persuadé être devenu intouchable. Il pouvait tout se permettre. La France entière lui donnerait raison. Il a pensé que le sentiment d'impuissance que provoque le génocide à l'œuvre à Gaza, la poursuite de la guerre en Ukraine et la révolution Trump-Musk lui seraient favorables. Il n'a pas su anticipé la prise de conscience qui s'opère dans les opinions mondiales et singulièrement en France et dans l'Union européenne. François Bayrou ne conçoit pas l'avenir, il vit au passé et ça se voit.
Cette politisation , sa brutalité, sa misogynie ne lui seront pas pardonnées. Dans les têtes, le lien se fait entre le système de défense choisi et la campagne de diabolisation de LFI. L’affaire Perrier en rajoute une couche. Le premier ministre est un des puissants dans une République qui a tout d’une République bananière. Le pays en prend conscience au moment où le gouvernement de François Bayrou lui inflige une cure d’austérité à nulle autre pareille. En s'en prenant à une commission parlementaire élue à l'unanimité, à des femmes d'opinions politiques différentes qui respectent le précieux mandat qui leur a été confié et de surcroît à la presse, il a commis l'irréparable.
Tout cela était prévisible. Mélenchon l’avait prévu. Il pourrait bien en profiter. Le système de défense du passé choisi par François Bayrou y aura contribué. Le pouvoir, sa quête rendent aveugle. L’élection du président au suffrage universel a tout aggravé.
Nous vivons une accélération de l’histoire. Ce sont les peuples qui la font dans des conditions données. Son moteur est la lutte des classes. Tout peut arriver, le pire comme le meilleur. La bourgeoisie le sait, c’est le retour du « plutôt Hitler que le Front populaire ». Le bourgeois tremble. Il n’en est que plus dangereux.
Marx est de retour. Quelle bonne nouvelle ! La connaissance peut enfin prendre le dessus sur le bon sens et les émotions.