Lucien Atencia

Abonné·e de Mediapart

556 Billets

0 Édition

Billet de blog 21 juin 2025

Lucien Atencia

Abonné·e de Mediapart

Pourquoi tant de haine ?

Lucien Atencia

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Greta et Rima, sont deux jeune femmes, symboles au-delà de la cause palestinienne d’un féminisme qui comme jamais porte l’avenir de l’homme. Comme Aragon avait raison !

Pourquoi tant de haine déversée sur les réseaux sociaux, dans la presse jusqu’au Parlement ? Parce qu’elles sont femmes ? Parce qu’elles sont jeunes ? Parce qu’elles s’engagent aux côtés de l’orphelin ? Pour toutes ces raisons à la fois et bien d’autres encore ? Que les électeurs, les députés du RN se déchaînent n’a rien de surprenant, ils ont la haine chevillée au corps. Que des fanatiques sionistes les accompagnent souligne à quel point ils ont été traumatisés par les attentats terroristes du 7 octobre, au point d’y perdre la tête.

Depuis quand faudrait-il faire le tri parmi les soutiens d’une cause juste ? Ce sont les petits ruisseaux qui font les  fleuves impétueux. Ils étaient devenus si nombreux que Netanyahu a eu peur et qu’il a joué son va-tout. Il y a vu une opportunité de faire d'une pierre deux coups, le changement de régime en Iran, vieille lubie de l'Occident et l'enterrement définitif de la question palestinienne, cause sacrée du sionisme extrême que prônent les ministres fascistes du gouvernement israélien. Ce qui a déterminé le moment des tirs de missiles sur l'Iran. Que de similitudes avec l'argumentation de Poutine pour justifier l'agression de l'Ukraine, au mépris du droit international, préventive de la menace de l'Otan aux frontières de la Russie, face un un régime accusé d'être fasciste qu'il fallait donc faire tomber. Tout y est à l'exception de l'arme nucléaire et d'un Occident, d'un monde dit libre qui, en de mêmes circonstances ont adopté deux comportements radicalement opposés. L'agression de l’Iran, après les massacres de Gaza, les bombardements du Liban et de la Syrie marque le couronnement d'une stratégie imaginée depuis longtemps qui fait du premier ministre israélien, grâce à ses fidèles alliés aux Etat-Unis et dans l'Union européenne, le criminel de guerre, avec Hitler, le plus accompli de l’époque, une menace existentielle pour la paix dans le monde.

Plutôt que de sélectionner ceux qui nous conviennent ou pas parmi ces ruisseaux peut-être pourrions-nous, tous ensemble, dénoncer la complicité du président de la République dans le génocide qui se poursuit à Gaza et dans ses métastases. Il est dans sa phase de rétropédalage. Une fois de plus, il a voulu parler le premier et n’a réfléchi qu’après. Venant de M. Dupont ou de M. Durand, peu importerait mais du président d’une grande nation, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, c’est une toute autre paire de manches.

Rien n’effacera l’immense responsabilité qu’il a prise en adoptant un point de vue partisan au nom de la France la privant ainsi de pouvoir agir efficacement pour la paix. Qu’il est loin le temps où Jacques Chirac et Dominique de Villepin, hommes d’Etat de droite, portaient haut nos couleurs sur la scène internationale ! Ce qu’ont fait les deux  jeunes femmes que stigmatisent aussi des militants sincères de la cause palestinienne indissociable du droit à l’existence et à la sécurité d’un état israélien aux côtés d’un état palestinien.

Cette inversion des valeurs est la conséquence d’une campagne de propagande pilotée de l’Elysée, bénéficiant de relais médiatiques énormes, qui atteint son objectif, diviser durablement les forces politiques et sociales susceptibles, rassemblées sur un projet de rupture avec les politiques menées depuis des décennies qui ont conduit le pays dans une crise profonde, d’offrir une alternative de progrès à des choix du type de ceux qui, pour combattre l’anxiété existentielle de nombreux jeunes, ne proposent que de leur interdire un moyen d’accès à la connaissance, les écrans.

En Iran, de « mauvais dictateurs » ont fait de la formation de la jeunesse leur priorité. Le niveau moyen atteint les menace davantage que les missiles qu’Israël envoie sur les courageuses iraniennes. Ils n'en sont pas moins d'infâmes dictateurs mais l'Occident préfère de beaucoup, dans les monarchies arabes du golfe persique, les « bons dictateurs », qui choisissent le mépris des jeunes plutôt que leur niveau de formation. Allez savoir pourquoi il conviendrait de hiérarchiser les dictatures. Quand des journalistes honnêtes, respectueux des idéaux de leur profession, auront-ils à cœur de faire connaître l'Iran, une des plus grande civilisation  qu’a connue l’humanité ? L’inversion des valeurs déborde largement nos frontières. Quand elle conduit, alors que le RN choisit d’accorder à son implantation locale sa priorité, à aller divisés aux prochaines élections municipales de peur qu’elles ne profitent à l’implantation locale de LFI, il y a là, comme pour Greta et Rima, ce qui n'a plus rien de commun avec la confrontation politique et qui s'apparente bien plus à une forme de racisme. Plutôt Macron que Mélenchon peut dès lors se substituer au plutôt Hitler que le Font populaire de sinistre mémoire.

Toute la logique de cette funeste substitution était déjà présente dans la normalisation de l’extrême droite et la diabolisation d’une partie de la gauche. Dans la théorie des deux extrêmes, celle de la force supérieure au droit que Donald Trump met à l’honneur. Que l’autre partie, en France, ait eut l’illusion qu'elle pourrait en tirer quelques avantages électoraux a donné toute son efficacité à un dispositif qui permet au duo Macron-Bayrou d’atteindre des objectifs de régression sociale et démocratique que Nicolas Sarkozy a toujours rêvé d’atteindre sans jamais y parvenir.

Divisée, la force du nombre d’une population mobilisée par l'ambition qui serait partagée d’atteindre un plus haut niveau de civilisation, n’est plus qu’une pichenette.

Bon week-end.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.