Pour la dernière élection présidentielle, Bernard Friot a raison, une tout autre histoire pouvait être écrite. Ce n'est pas le temps qui a manqué mais bien la volonté politique.
Dès le 22 février 2022, dans un article de blog que je republie ci-après, j'en faisais la proposition qui fut ensuite reprise dans les instances régulières du PCF par certains dirigeants. Elle ne fut même pas discutée. Or, la résolution adoptée par notre congrès, s'agissant de la candidature communiste, prévoyait la possibilité de réexaminer la question si la situation politique le commandait.
Le 22 février, je n'étais pas le seul à constater que les trois candidats des partis socialiste, communiste et écologiste allaient au-devant d'une catastrophe électorale. Ce qui devient dès lors l'élément dominant de la situation politique pour les partis qui présentent ces candidatures.
Pas le seul non plus à voir grandir dans le peuple de gauche et au-delà l'aspiration à éliminer la candidate raciste dès le premier tour. Ce n'était pas une surprise car depuis de très nombreux mois, nous savions déjà que très majoritairement nos concitoyens ne voulaient pas retrouver un duel Macron-Le Pen qui les obligerait à revoter pour un candidat-président discrédité par un quinquennat d'exercice solitaire et méprisant du pouvoir. Un candidat porteur, entre autres régressions, d'un recul à 65 ans de l'âge de départ en retraite.
Dès le 22 février et même avant, il est apparu qu'une candidature à gauche pouvait modifier le cours de l'histoire, celle de Mélenchon. Elle était en capacité, en même temps, d'éliminer la sinistre Le Pen dès le premier tour et d'obliger Macron à affronter un candidat de gauche au second, ce dernier lui disputant la gagne.
Les partis de gauche ne l'ont pas voulu alors qu'ils avaient encore le temps de produire l'acte politique de grande portée qu'attendaient d'eux les progressistes de notre pays. Ils ont préféré poursuivre ce qu'ils avaient engagé. Partis dans l'espoir qu'ils pourraient se partager les dépouilles de l'électorat de l'Insoumis marseillais selon eux au bout du rouleau, ils prenaient conscience que ce n'est pas ce qui allait se passer.
Ils en ont tiré pour conclusion qu'il leur fallait tout faire pour empêcher Mélenchon d'atteindre le second tour et donc maintenir leurs candidatures en redoublant les coups à lui porter. Un véritable tir de barrage, en complet décalage avec la volonté qui ne cessait de grandir d'éliminer la raciste. Anticipant sur les résultats catastrophiques qui s'annonçaient pour leurs trois candidats, les partis politiques de gauche et écologiste menèrent une même campagne sur le thème du vote utile, visant à masquer l'énorme responsabilité qu'ils prenaient devant l'histoire. Ils ne firent que rendre inutile le vote pour chacun de leur candidat.
Et il n'a effectivement manqué qu'un peu plus de 400 000 voix le 10 avril, ce qui a obligé à revoter Macron et qui a permis à la raciste d'obtenir un score canon puis 89 députés du RN. Elle est désormais aux portes du pouvoir, suivant le même chemin que l'extrême droite italienne et une tendance lourde dans le monde.
Oui, Bernard Friot a raison. Tout cela pouvait être évité. Mais il a fallu que ça se produise pour que puisse naître la Nupès.
C'est cher payé !