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Billet de blog 22 mai 2024

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"Il est minuit moins le quart".

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La décision du procureur de la CPI vient donner raison à ceux, peu nombreux, qui en France ont tenu bon sur le respect du droit international pour qualifier les crimes commis au Proche-Orient de guerre ou contre l’humanité.

Elle semble n’avoir aucun effet sur celles et ceux qui, à gauche, se sont lancés à corps perdu dans la campagne d'Emmanuel Macron  qui voulait imposer l’adjectif terroriste dans l’espoir d’obtenir un pourtant bien improbable regain d’influence électorale.

Non seulement, la qualification de terroriste ne permettait pas d’incriminer aussi bien le Hamas que les dirigeants israéliens sur le fondement du droit international, mais pour garantir l’impunité à ces derniers, il fallait que cette incrimination de terroristes soit partagée par ceux que l’on prétend combattre.

On retrouve là un des traits constants de la stratégie de Netanyahu.

Elle consiste à faire du Hamas son meilleur ennemi afin de rendre impossible toute solution politique à un conflit qui n’a que trop durer.

Il condamne deux peuples à vivre dans l’insécurité permanente et, peu à peu, à les convaincre qu’il faudra que l’un des deux disparaisse pour que l’autre ait un avenir !

N’est-ce pas ce qui est à l’œuvre dans la bande de Gaza dans laquelle s’impose la loi du plus fort ?

Sans le soutien inconditionnel des Etats-Unis, le suivisme des pays occidentaux, la passivité des états arabes et la corruption de l’autorité palestinienne, il y a bien longtemps que l’application des résolutions de l’ONU aurait mis un terme à une menace permanente sur la paix mondiale.

En France, comme jamais et comme nulle part ailleurs, ce conflit du Proche-Orient a connu une instrumentalisation politicienne d’une puissance inouïe.

Elle n’a été possible que par une implication totale de l’appareil d’État, de ses suppôts médiatiques et la complicité d’une partie des forces de gauche.

Fondée sur l’exploitation de deux termes, terroriste et antisémite, elle a atteint ses objectifs : détruire la Nupes et avec elle l’espoir d’une alternative à une politique qui en finit avec ce qui restait de l’exception française.

Cet exploit, attendu depuis si longtemps par la partie radicalisée de notre bourgeoisie, restera, à ses yeux, l’œuvre maîtresse d’Emmanuel Macron.

Pour les progressistes, les démocrates, elle laisse un champ de ruines qui, comme jamais, rend probable l’accession de l’extrême droite au pouvoir dans la nation de la grande Révolution et des Lumières.

La reconstruction sera lente. Il ne suffira pas de l’appeler de ses vœux pour qu’elle se produise. Des ruptures, des autocritiques sont indispensables. Elles ne seront possibles que si les citoyennes et les citoyens s’en mêlent, d’abord en restant intraitables quand les libertés individuelles et collectives, la démocratie sont menacées.

C’est le cas aujourd’hui comme rarement.

Où est le sursaut collectif unitaire attendu, annoncé mais toujours aussi inexistant ?

Très mauvais signe.

Quand Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT dit qu’il est " minuit moins le quart", quand Marylise Léon, secrétaire de la CFDT, le congrès de la Ligue des droits de l'Homme ne disent pas autre chose, combien de temps encore les politiques vont-ils continuer à se chamailler ailleurs ?

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