Il se dit beaucoup dans les milieux bien informés que, son congrès passé, il restera au Parti socialiste à se doter d’un projet. Encore une de ces idées en apparence pleine de bon sens, mais néanmoins fausse.
Un projet, le PS en a un. Il reviendra à son congrès de le confirmer ou non. L’enjeu est de taille, ce qui explique qu’avec l’avenir du RN et de celui du gouvernement Bayrou, ces sujets dominent l’activité politique de ces derniers mois. Il en va autrement des préoccupations, des difficultés et des espoirs partagés par nos concitoyens. Eternel décalage entre vie publique, vie réelle et leurs représentations médiatiques.
Ce qui est nouveau aujourd’hui, on le trouve dans un PS qui n’hésite plus à afficher avant les élections ses intentions. Avant, il avait un projet pour les gagner et un autre, très différent, pour l’exercice du pouvoir. Il s’adapte à l’air du temps et saute la première étape.
Cette dichotomie entre l’avant et l’après est une des causes de la progression de l’extrême droite.
Le parti socialiste qui n'est plus social-démocrate va désormais à la reconquête de son électorat avec un projet identique à la politique de François Bayrou qu’il ne censure pas. Ce faisant, il ouvre l’espace politique qu’affectionne Mélenchon. Comme le PS sait qu’il n’est plus crédible quand il prétend toujours être dans l’opposition et qu’il s’affiche parti de gouvernement, pour résoudre cette contradiction, il lui faut détruire LFI. Cela tombe bien, le pouvoir a le même objectif. C'est "La Meute" pour y parvenir.
Les citoyens qui entendent s’opposer à la politique et au mépris d’Emmanuel Macron, devraient dés lors choisir entre LFI et le RN pour le faire, LR devenant le sosie du RN. Mélenchon n’a jamais caché que telle était son ambition. Il se frotte les mains en constatant que le pouvoir et ses anciens alliés, ensemble, roulent pour lui.
Pour le pays, rien ne change. C’est la crise du capitalisme. Les plus faibles d’entre nous, les jeunes, les retraités et les femmes sont ses premières victimes. La bourgeoisie n’a plus d’opposition pour contester son projet, en finir avec ce qui subsiste des acquis du Conseil national de la Résistance, les services publics, la sécurité sociale et la retraite par répartition. En finir avec ce qu’on a pu appeler l’exception française.
Les forces populaires capables de mettre en échec cette ambition des milliardaires existent mais divisées, elles sont impuissantes. C’est à dépasser cet obstacle que devraient converger tous les efforts de celles et ceux qui considèrent encore que des progrès de civilisation sont possibles.
Enfermées dans leurs solitudes et leurs certitudes, les composantes du Nouveau Front Populaire n’y parviendront pas sans nous, sans vous. Encore faudrait-il que ces forces porteuses de ruptures et de novations visent la construction d’un post-capitalisme conçu non pas comme une espérance mais comme la réponse aux difficultés du moment qui s’accumulent, au premier rang desquelles, les conséquences du dérèglement climatique, de la multiplication des conflits armés, au-delà de ceux qui détruisent le Moyen-Orient et l'Ukraine.
L’objet de la lutte des classes contemporaine pourrait devenir clair et ses acteurs prendre conscience qu’ils sont une force capable de soulever des montagnes. L’appétit viendrait en mangeant. Le meilleur antidote au sentiment d’impuissance et au désespoir si présents aujourd’hui parce que tout n'a d'autre finalité que celle de remporter des élections.
C’est en voulant transformer la société que nous les gagnerons si finalités et chemins partagent les mêmes volontés d’extension de la démocratie, des libertés individuelles et collectives, pour une vie d’égalité, de solidarité et de fraternité, de connaissance et de sens.
Pour un présent qui soit déjà un autre avenir.