Sur le site de « L’Humanité », François Boulo s’exprime sur le 10 septembre dans un article intitulé : « Le peuple cherche désespérément un moyen de se faire entendre ». On pourra en prendre connaissance sur la page de Roger Hillel.
François Boulo, ancien avocat, est l’auteur de « Reprendre le pouvoir- Manuel d’émancipation politique » publié en 2021 aux « Liens qui libèrent".
Il a aussi été porte-parole du mouvement des Gilets jaunes à Rouen et au niveau national.
J’ai retenu de l’article qu’il remet sur le tapis la question démocratique. Au delà du déni de démocratie d’Emmanuel Macron qui a appelé à Matignon des premiers ministres issus des partis les plus minoritaires, c’est la démocratie représentative, le parlementarisme qui sont en crise profonde. Idée chère à Bernard Friot et Bernard Vasseur, auteurs de « Le communisme qui vient » aux éditions "La Dispute" (2024).
Pour beaucoup de citoyens et de jeunes, cette forme de démocratie parlementaire ne représente plus rien. C’est encore plus vrai pour les plus défavorisés, les plus précaires d’entre nous. Ceux que l’Himalaya d’injustices et d’inégalités qu’est le plan Bayrou va encore marginaliser davantage.
Très bonne nouvelle qu’ils souhaitent réagir le 10 septembre. Ils ne le feront pas avec les syndicats, encore moins avec des partis politiques de gauche dont ils se méfient. Ces derniers partagent tous l’illusion qu’il est possible de changer une société par le haut, par la conquête du pouvoir d’Etat grâce aux élections. Ensuite viendrait le temps où les changements tant attendus, abondamment promis ruisselleraient dans toute la société ce qui ne se produit jamais car il y aura manqué l’essentiel, l’intervention populaire.
Que le chef de l’Etat ne tienne pas compte du résultat d’une élection législative et les apparences s’effondrent. Le fossé dont parle l’auteur qui a vécu le phénomène de l’intérieur s’élargit davantage. Les exclus, les méprisés, les stigmatisés cherchent à se faire entendre par d’autres moyens que ceux à l’efficacité desquels ils ne croient plus du tout. Ils ont quelques raisons de le penser et de se tourner vers le 10 septembre comme vers une planche de salut.
Nous devrions tous nous en réjouir. Ce n’est pas le cas. Alors que partis et syndicats devraient pour le moins s’interroger sur les causes de cette coupure, de ce rejet, ce que fait la CGT après la proposition de Laurent Brun, il est reproché à ceux qui se mobilisent, souvent pour la première fois, de ne pas le faire en observant des canons que précisément ils récusent.
Ce ne sont pas eux qui doivent changer, se métamorphoser, ce sont les organisations qui à leurs yeux sont inutiles parce que incapables d’entendre leur douleur et encore moins de la comprendre.