"Invité à participer à l’émission « Au tableau » qui sera diffusée le 27 mars sur C8, le candidat du PCF à l’élection présidentielle s’est illustré par son hésitation à classer Joseph Staline parmi ses « camarades ».
Après avoir placé le Cubain Fidel Castro dans la case « camarade » et le dictateur Nord-Coréen Kim Jong-Un dans la catégorie opposée, Fabien Roussel a été amené à faire un choix pour l’ancien dirigeant de l’URSS, Joseph Staline. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il a eu du mal à choisir : « Il est celui qui a été le chef de guerre contre le nazisme (…) et de l’autre côté, il a été responsable de millions de morts dans son propre pays avec la création des goulags, donc je ne sais pas comment on peut faire », se justifie-t-il.
« Mais il a tué des millions de gens ! »
Perdu, il fait alors le choix de placer Staline entre les deux catégories. « Mais il a tué des millions de gens ! », lui opposent instantanément les élèves. Fabien Roussel se ravise alors et place Joseph Staline dans la catégorie « pas camarade » : « Eh bah alors on le met là ! »
Ma réaction, également sur Facebook :
Je n’ai bien sûr pas encore vu cette émission et je me garderai donc d’en parler.
Par contre, celles et ceux qui me font l’honneur de me lire ici ou ailleurs, savent, par exemple, que j’attribue la faiblesse historique de la gauche et sa désunion à la crise d’identité que connaissent le Parti socialiste et le Parti communiste, les deux formations qui, unies le plus souvent, ont marqué la vie politique française et accédé au pouvoir d’une des plus importantes puissances capitalistes.
S’agissant de la crise de mon parti dont je suis adhérent depuis 1968, le PCF, j’ai toujours voulu insister sur le fait qu’aucun Parti communiste dans le monde n’y échappait. Certains, comme en Italie, ont même disparu.
Autre caractéristique, commune avec le PS, alors que ces crises marquent encore aujourd’hui les comportements électoraux, que Anne Hidalgo et Fabien Roussel en sont les premières victimes, leurs deux partis en nient l’existence et donc n’en recherchent pas les causes réelles.
Ce qui conduit, autre exemple, à attribuer le déclin du PCF à ne pas avoir présenté de candidat à l’élection présidentielle en 2012 et en 2017, alors qu’il a commencé bien avant, qu’il se poursuit et donc que Mélenchon n’en est pas la cause mais une des conséquences.
Très sommairement, pour les partis communistes, j’en vois deux essentielles. La première est la difficulté de sortir d’une matrice que sont venus percuter l’effondrement de l'URSS et la chute du mur de Berlin.
Avec les hésitations de Fabien Roussel dont parle Pierre Mansat, nous sommes au cœur du sujet.
Il y a encore quelques mois, je m’élevais ici contre le fait que la Chine soit qualifiée par le PCF de pays communiste ! Mon blog en témoigne. Les réactions de communistes à mes posts aussi.
Dire ceci ne veut pas dire que mon parti n’ait pas fait d’efforts pour se dégager du modèle soviétique. Il en a fait beaucoup mais selon les périodes avec des hauts et des bas, des avancées et des reculs, mais jamais, selon moi, jusqu’à en tirer toutes les conséquences politiques et pratiques.
A mes yeux, la situation actuelle et la campagne de notre candidat le confirment.
De tout cela, j’ai eu la chance de pouvoir en parler souvent avec des dirigeants comme Georges Marchais, Robert Hue et Jean-Claude Gayssot. Tous étaient conscients de l’immense problème auquel étaient confrontés les partis communistes, tous et d’autres avant eux ont fait des efforts pour les résoudre.
Tous ont échoué d’autant plus que n’a pas été affrontée l’autre cause pour moi essentielle du déclin, à savoir la conception même du communisme que nous donnons à voir à nos concitoyens.
Je l’ai bien souvent qualifiée de caricature par comparaison avec le processus démocratique imaginé par Marx et Engels.
Des auteurs de renommée mondiale, Badiou, Lordon, Lucien Sève…l’écrivent, mon ami Bernard Vasseur aussi.
Nous les ignorons.
Et notre candidat ne parle du communisme que pour dire qu’il n’est pas d’actualité et que l’on verra plus tard, dans le monde idéal des jours heureux.
Or le communisme, pour ses fondateurs, n’a jamais été un idéal mais une réalité, un processus qui prend naissance et s’enracine dans les contradictions de la société capitaliste. Elles n’ont jamais atteint un tel niveau. Les moyens de les résoudre non plus.
C’est ce qui fonde le caractère urgent de la visée communiste d’émancipation humaine.
Chercher l’erreur.
La vidéo avec Fabien Roussel et les écoliers est là : https://www.facebook.com/LibertaIndependenza/posts/497552828682702