Lucien Atencia

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Billet de blog 23 octobre 2023

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Seul un sursaut populaire. . .

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand l'activité politique ressemble à la cour de récréation d'une école primaire et se voit imposer par la macronie l'usage d'un mot plutôt que ses synonymes, s'en voit interdire un autre que les campeurs utilisent régulièrement, cela ne fait que la dévaloriser encore davantage.

Après la police du vêtement vient celle des mots.

Qu'un ministre des Armées déclare qu'il faut "détruire le Hamas" revient à autoriser par avance « inconditionnellement" un crime de guerre tant le nombre de victimes civiles, de femmes et d'enfants se comptera par dizaines de milliers. N'y en aurait-il qu'une poignée que la qalification serait la même.

Elle se meut en crime contre l'humanité quand les victimes le sont du seul fait qu'elles sont juives ou musulmanes.

Une loi a été adoptée dans notre pays pour que la mémoire de la Shoah ne s'estompe pas avec le temps. Elle porte le nom d'un ancien ministre communiste.

Si la mémoire du crime des nazis et de leurs complices à Vichy est encore bien présente, c'est le crime contre l'humanité lui-même qui est de retour au Proche Orient.

On aura observé que ce 23 octobre, la première ministre, devant l'Assemblée nationale, n'a pas repris l'expression "soutien inconditionnel à Israël" qu'elle avait martelé la fois précédente jusqu'à en oublier l'existence même des Palestiniens. Elle lui avait pourtant valu des applaudissements nourris jusque sur certains bancs de la gauche.

Depuis, une prise de conscience a progressé dans une opinion d'abord légitimement sidérée par les massacres d'Israéliens dont elle avait été le témoin, prise de conscience à laquelle ont contribué celles et ceux qui, à contre-courant, se sont évertués à faire appel à la raison et ont manifesté en allant jusqu'à braver les interdictions d'un pouvoir qui a choisi un camp contre l'autre.

Qu'un ministre de l'Intérieur jette à la vindicte populaire et aux médias le nom d'un grand champion parce qu'il est musulman et que M. Darmanin espère ainsi travailler à sa propre gloire, alors que la Justice ne reproche rien à Karim Benzema est inqualifiable. On ne joue pas avec l'honneur d'un homme et de sa famille quand on s'est vu confier de hautes fonctions par la République.

Quand un ministre de l'Education nationale décrète, avant que le conseil d'Etat se soit prononcé, qu'un vêtement porté par quelques dizaines de jeunes filles présente un caractère religieux ostentatoire pour lui aussi travailler à sa gloire personnelle en visant, lui aussi, nos compatriotes de confession musulmane, devrait être insupportable.

On en est loin. 

Il a pu ainsi, avec beaucoup de complicités, masquer une des pires rentrées scolaires qu'a connue la Ve République.

Quand un ministre de la Justice, chargé de garder les Sceaux de la Nation, n'y trouve rien à redire, sommes-nous encore dans un état de droit ?

Le président de la République, bon dernier, se rend en Israël dont la population est sous le choc des massacres de l'organisation terroriste du Hamas que les dirigeants de l'état juif ont portée sur les fonts baptismaux pour liquider l'Autorité palestinienne.

Il fait le déplacement alors que la parole de la France n'a plus le réel crédit qui était le sien dans cette région parce qu'il a contribué au plus haut point à le dilapider.

Osera-t-il se limiter à cette seule visite au risque d'aggraver encore "les deux poids, deux mesures" qui aujourd'hui caractérisent la politique de notre pays au Proche Orient ? Ne se préoccupera-t-il que du seul sort des otages de nationalité française ?

Tous ces chefs d'Etats, emplis d'une bien tardive sollicitude, ne parviendront pas à faire oublier l'énorme responsabilité qu'ils ont prise à considérer que pourrait perdurer la colonisation d'un peuple par un autre qui condamne l'un et l'autre à ne connaître ni paix ni sécurité.

L'affrontement inévitable est revenu plus meurtrier et destructeur que jamais. Si l'incontournable solution politique à deux états ne s'impose pas, la guerre reviendra à nouveau, avec sans doute des risques d'extension aggravés. 

Cette solution politique faisait ce jour l'unanimité de la représentation nationale. La France doit donc désormais la porter haut sur la scène internationale.

En commençant, dès ce 24 octobre, par réclamer à Tel-Aviv la libération de Marwan Barghouti, militant palestinien appelé à jouer un grand rôle pour qu'enfin Israéliens et Palestiniens puissent vivre en paix et en sécurité.

Saluons ici ces près de cent personnalités de premier plan qui, dans "L'Humanité" du 23 octobre, ont appelé à  « un cessez-le-feu immédiat à Gaza ».

Quand le système médiatico-politique faillit à sa mission au service de la démocratie et que des partis de gauche accompagnent en France le mouvement dans l'espoir de se refaire chacun une santé au risque de n'être tous plus rien, la coupe est pleine.

Elle déborde même car, aux portes du pouvoir, il y a une extrême droite qui jubile tant ce qui se passe au Proche Orient, dans le monde comme chez nous, avec le retour des attentats terroristes dans l'Union européenne et autour de la énième loi sur l'immigration, roule pour elle.

Comme en d'autres lieux et en d'autres temps.

Seul un sursaut populaire, une unité retrouvée du monde du travail et de la création peuvent éviter la catastrophe annoncée dont, bien sûr, personne ne revendiquera la paternité.

Dans ces cas-là, c'est toujours la faute des autres. 

On l'a bien vu le 10 avril 2022.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.