Lucien Atencia

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Billet de blog 24 juin 2024

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Vigilance.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Derrière les polémiques, les mensonges, les campagnes d’intoxication, les insultes qui déshonorent l’activité politique, se dissimule une question éternelle. Elle est présente aujourd’hui dans le débat public et peut même détourner des citoyennes et des citoyens de l’essentiel : se mobiliser dans les jours qui restent afin d’empêcher Bardella de devenir le premier ministre de la France.

Présente mais masquée, cachée à la vue de tous derrière précisément la question du premier ministre dont chacun sait qu’elle n’est absolument pas à l’ordre du jour tant que le suffrage universel n’aura pas rendu son verdict.

Très récente, elle n’est posée que depuis les dernières élections législatives au cours desquelles elle a contribué aux résultats des composantes de feue la Nupes, bien meilleurs que ne le laissaient présager ceux de l’élection présidentielle.

Aujourd’hui, c’est à affaiblir les mêmes composantes qu’elle est utilisée afin de contrecarrer, dans la mesure du possible, le formidable atout que représente la dynamique que crée la qualité inédite de l’union réalisée et son programme à effets immédiats.

Mise et remise sur le tapis, abondamment relayée par les médias, on mesure assez aisément qu’elle a pour fonction de faire perdre des députées et députés au Nouveau Front Populaire. En priorité quand les candidats uniques sont de sensibilité insoumise.

" La France insoumise et ses alliés ", c'est ainsi que le Président de la République cible le NFP dans sa lettre aux Français, énième preuve de la réserve qu'il observe quant à son engagement personnel dans la campagne électorale d'un scrutin que d'aucuns qualifient un peu tardivement comme étant le plus important de la Ve République.

Ce sera au bénéfice du RN. 

Les états-majors de la Macronie, de LR et du RN, le ministère de l’Intérieur y travaillent actuellement pour déterminer les circonscriptions dans lesquelles ils doivent maintenir ou retirer une de leur candidature. Dès le 8 juillet, leurs ordinateurs tourneront à plein régime pour, au cas par cas, choisir les meilleures martingales possibles dans les circonscriptions dans lesquelles resteront en lice au deuxième tour trois candidats, dont ceux du NFP et du RN.

La participation électorale annoncée en forte hausse peut voir ce cas de figure se reproduire jusque dans 200 circonscriptions. Une ampleur qui n’a rien à voir avec les précédents scrutins législatifs.

C’est dire combien nos institutions ont été concoctées de telle façon que ce soient toujours les mêmes qui aient les meilleures chances de l’emporter.

Que les dernières élections législatives aient été une exception notoire, laissant le Président sans majorité, est une des causes de l’accélération de la crise politique et de la dissolution.

Mais nos concitoyens avaient déjà pu vérifier à leurs dépens, notamment dans leur formidable mobilisation unitaire contre la réforme des retraites, combien la constitution de la Ve République pouvait être brandie contre leurs attentes très majoritaires, à coups de 49.3.

Dans ces conditions, les appels à la vigilance peuvent être entendus.

Mais de quelle autre question celle du premier ministre est-elle le paravent ?

À quel niveau convient-il de maintenir le curseur des transformations à opérer dans la société française ?

De quel côté les compromis feront-ils pencher les plateaux de la balance ? Du côté du capital ou du côté du travail ?

Telle est la question éternelle qui taraude les pouvoirs, les partis politiques et les forces sociales.

Aujourd’hui, s’agissant du NFP, elle est sous la surveillance d’une union populaire en dynamique face à l’imminence probable de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir dans 13 jours.

Qu’adviendra-t-il après si la vigilance du monde du travail et de la création s’estompe ?

Qui donnera le ton, de la rupture ou de l’adaptation ?

Notre histoire nous apprend qu’il vaut mieux que ce ne soient pas les forces qui, à droite comme à gauche, militent pour un minimum de transformations possibles.

Dès lors, l’espoir serait vite remplacé par une nouvelle et profonde déception dont se nourrit l’extrême droite. Une parade consisterait à maintenir au plus haut niveau possible les exigences populaires et les aspirations à l’union sur des projets transformateurs.

Elles cohabitent avec les idées racistes, xénophobes et antisémites en expansion dans l’Union européenne et au-delà.

Ce ne sera possible que si la délégation de pouvoirs recule puissamment dans notre société.

Encore faudra-t-il que les forces politiques et sociales qui composent le NFP s’en fixent l’ambition.

Pour que le vote soit bon dimanche, c'est maintenant que ça se joue.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.