Emmanuel Macron est venu redire hier soir qu’il préférait courir le risque d’une crise de régime que de respecter le vote des Français qui ont placé en tête les députés du Nouveau Front Populaire.
Quel « bloc » va oser prendre ce risque avec lui ?
Il l’a fait tel qu’il l’avait promis dans ses injonctions aux députés, improprement qualifiées de « Lettre aux Français ».
En violation flagrante de la séparation des pouvoirs dont il s’est réclamé ce mardi, le président de la République se permet tous les écarts.
Il va d’un déni de démocratie à un autre. Il écrit notre histoire à sa façon. Il règne.
Alors qu’il s’était préparé à bâtir son allocution autour de l’incapacité démontrée par le Nouveau Front Populaire de lui proposer une candidature de premier ministre, c’est par le mépris qu’il traite celle, excellente, de Lucie Castets.
Jeune femme expérimentée, combattante de la cause des services publics et de celle de la justice fiscale, elle est ce que les quatre composantes politiques du NFP pouvaient trouver de mieux pour incarner, à la fois, leur unité et leur ouverture au monde syndical, associatif, culturel et démocratique qui fait le caractère inédit de la jeune alliance.
Bravo ! Ils y ont mis le temps, mais ça valait le coup !
Ce n’est pas le point de vue du monarque qui, en dépit de ses trois défaites électorales successives, entend nous imposer, après une élection controversée de la présidente de l’Assemblée nationale, le maintien de son premier ministre, le retour de 17 autres redevenus députés le temps d’un vote, une trêve politique dont il fixe seul la durée…
Prendre prétexte, dans les conditions dans lesquelles elle est intervenue, de la non-élection d’André Chassaigne, n’est qu’un témoignage de mépris et de cynisme supplémentaire.
Le président décrète à tours de bras, ce qu’il refuse à un gouvernement issu des urnes.
Cette fuite en avant a de lourdes conséquences pour des millions de concitoyens dans l’attente des mesures d’urgence promises.
Situation de blocage du pays lourde de dangers et d’angoisses dont il faudra bien d’une manière ou d’une autre sortir.
Un seul homme ne peut tenir éternellement en respect toute une population sans que les foudres des mobilisations populaires unitaires s’abattent sur lui.
Pour se justifier, il raconte n’importe quoi à la télévision.
Ainsi, il nous présente le front républicain sous un jour que les millions d’actrices et d’acteurs qui ont fait sa force n’avaient pas imaginé.
D’abord, il oublie de mentionner que le plus souvent, il lui a manqué le volet désistement et que les gens de gauche, les écologistes ont beaucoup plus contribué que d’autres à sa victoire sur le RN.
Or, c’était sa principale ambition. Emmanuel Macron en fait désormais un projet, une méthode de gouvernement.
Double imposture puisqu’il a osé hier reprocher aux députés d’avoir privé les fascistes ripolinés des responsabilités au sein de l’Assemblée nationale.
D’un revers de main, il venait d’effacer le mérite d’un front républicain qu’il veut nous imposer comme une nouvelle manière de concevoir l’activité politique et la marche du pays.
Importé on ne sait d’où tant il est autoritaire et sans principes, il est urgent de pousser le joueur de poker-menteur à renoncer à ses folies, sinon Mme Le Pen finira à l’Elysée.