La dominante de toutes les étapes de la séquence électorale inédite que nous vivons est le phénoménal rejet du président de la République. On le retrouve dans tous les électorats et dans le niveau record de l'abstention. Il a été sous-estimé dans les mois qui ont précédé l'élection présidentielle comme l'a été aussi le mouvement des gilets jaunes.
N'a pas été suffisamment pris en considération par les formations politiques le fait que Macron n'était plus un inconnu et "qu'il avait fait ses preuves" pendant cinq ans. Et quelles preuves !
A été occulté aussi le niveau d'influence atteint en France par l'extrême droite, un des plus élevés de l'Union européenne. Egalement qu'une majorité de citoyens ne voulaient plus revoir dans ces conditions un duel Macron-Le Pen au deuxième tour.
L'élection présidentielle n'a été prise par beaucoup de candidats et partis que pour une occasion de poursuivre d'autres objectifs que son objet. Beaucoup ont considéré qu'elle était jouée d'avance et ont reporté leurs espoirs sur le coup d'après, en 2027, estimant que la situation serait plus ouverte, Macron n'étant plus là.
En vérité, il pouvait être battu dès cette année dans un rapport des forces et avec des niveaux de conscience certes défavorables aux transformations profondes qu'exige l'état de la société mais avec une formidable envie de le voir partir.
Ce renoncement des partis à jouer la gagne explique aussi pourquoi ils sont allés si désunis à l'élection que nos concitoyens considèrent encore comme la plus importante. Ils ne font pas assez le lien entre la crise politique, démocratique, les institutions de la Ve République et l'élection du président au suffrage universel. Ces institutions vont montrer à quel point elles sont inadaptées dans la situation politique nouvelle que nous vivons puisqu'elles opposent deux légitimités, celle du Parlement et celle du président, élus avec des modes de srutin différents.
Macron aggrave tout en refusant de considérer qu'il doit sa légitimité au rejet majoritaire de l'extrême droite et pas à un soutien de son projet comme il l'a affirmé sans vergogne à la télévision. En proposant ouvertement de collaborer avec elle, il creuse encore le fossé qui le sépare des Français en ouvrant à la raciste les portes du pouvoir.
Il est vrai qu'il voudrait bien pouvoir effacer l'autre message fort que lui a adressé, le 10 avril, à lui et aux partis qui ne le représentaient plus dans ses convictions, le peuple de gauche et de l'écologie. Ce peuple a permis que naisse la Nupes qui toute jeune a remis sur le devant de la scène un objet politique qui ne comptait plus depuis bien trop longtemps, la gauche de transformations sociales, écologiques et démocratiques.
Ses premiers résultats sont encourageants et ils affaiblissent considérablement le président de la retraite à 65 ans. Il reste encore bien du chemin à accomplir pour que dans le pays la balance penche nettement du côté de changements réels et durables. Un apport original, une créativité communistes ne seront pas de trop. Ils manquent beaucoup aujourd'hui. L'idée doit rester bien présente que le tsunami politique actuel est le résultat de l'intervention de citoyens eux-mêmes qui détiennent les clés qui feront que les suites leur seront plus ou moins favorables. En clair, leur action est tout aussi décisive dans les luttes que dans la politique. Les liens dialectiques de ces deux dimensions sont indissociables pour avancer.