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Billet de blog 25 octobre 2024

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Combattre le trafic de drogues.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le trafic des drogues est une question sérieuse et grave qui empoisonne la vie non seulement des consommateurs mais aussi celle de populations entières qu’elles résident désormais dans de très grandes villes comme Marseille, Grenoble et Paris ou dans des villages de la Creuse ou du Loiret.

La France est un des pays au monde dans lequel la consommation de drogues est la plus sévèrement réprimée et aussi la plus pratiquée.

La question mérite donc beaucoup mieux que son exploitation politicienne par des ministres de l’Intérieur ou des dirigeants du RN. Les premiers comme les seconds n’ont à la bouche que les mots de répression, de prison. Des CRS passent une semaine dans un quartier dans lequel un jeune mineur a été la victime d’un règlement de compte sanglant entre mafias concurrentes. Les uniformes casqués repartent comme ils étaient venus. Le trafic dès lors reprend de plus belle ou resurgit à 500 mètres.

Que dire quand un député de LFI qui s’est fait prendre dans le métro devient l’objet idéal d’une diversion qui tombe à pic quand Michel Barnier éprouve les plus grandes difficultés à cacher qu’il ne fait que poursuivre la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron, en l’aggravant.

Ce député ignore donc qu’il peut se procurer la drogue de synthèse dont il ne peut se passer sur Internet. Il peut même se la faire livrer à son domicile !

Mais il n’ignore pas qu’il est loin d’être l’unique consommateur de drogues de l’Assemblée nationale, des cabinets ministériels et du gouvernement. Sinon, il serait singulièrement coupé des réalités de son pays !

Sait-il que dans les quartiers dans lesquels le deal sévit, pour vivre, des familles entières participent à une économie parallèle qui rapporte bien plus que le SMIC ?

Le député insoumis reconnaît qu’il est addicte aux drogues et qu’il a entrepris un traitement pour sortir de cette dépendance. Parce qu’il est en France, sa consommation y étant considérée comme un délit, il sera poursuivi et peut-être condamné. Ce ne serait pas le cas au Portugal ou dans d’autres pays qui ont entrepris d’expérimenter la dépénalisation des drogues.

Sans attendre que la justice se prononce, des adversaires politiques exigent une double peine, en l’occurrence la démission du député au titre du devoir d’exemplarité, bien plus fort pour eux que la présomption d’innocence.

La consommation de drogues, incluant celle d’alcool et de tabac, est très répandue dans les bureaux, les usines, les universités, les milieux artistiques et culturels. Elle constitue un fléau dans la jeunesse qui désempare et désespère de nombreux parents. En une journée, en France où elle bat des records, il y a plus de consommateurs que de spectateurs de films dans toutes les salles de cinéma de l’hexagone.

Le corps médical parle d'addictions, de prévention et de soins indispensables. Celle qui est la plus fréquente l’est à la nicotine. Elle enrichit les États et ruine la Sécurité sociale, comme celle à l'alcool.

Bruno Retailleau lui, comme son prédécesseur, n'a qu’un seul remède, la répression, la prison et aujourd'hui la démission. Les gros bonnets s'en frottent les mains.

Pour l’heure, personne n’ose constater que le combat contre les drogues, centré sur la répression à outrance, est perdu.

Tout juste bon à faire briller un court moment des dirigeants politiques peu scrupuleux ou à servir de diversion.

 Qui peut croire qu’il soit possible de contrôler le contenu de la masse des containers qui arrivent quotidiennement dans nos ports ?

Quand ce sujet de santé publique grave sera-t-il débattu ? Quand la ministre de la Santé, celle de l'Education nationale, ne laisseront plus leur confrère de l’Intérieur l’accaparer ? Quand ce combat aura-t-il une cohérence internationale seule capable d’atteindre les gros bonnets de la drogue, sans négliger la reconversion des paysans qui la cultivent, de plus en plus supplantés par des chimistes clandestins ? Avec le trafic d'armes, celui d’animaux et la prostitution, celui de drogues génère des profits qui surpassent les budgets nationaux de certains états.

Il est vrai qu'une lutte cohérente et déterminée contre le trafic de drogues ne produira pas ses résultats avant les prochaines échéances électorales. Ce qui ne pousse pas les élus de tous bords à y accorder l'importance qu'elle mérite.

Le capitalisme est-il apte à faire front ?

Certains d’entre nous y réfléchissent depuis des décennies. En vérité, depuis qu’aux Etats-Unis, la guerre de la prohibition a été perdue et que l’alcool a été remise en vente libre.

Ce débat, quand sera-t-il enfin à l’ordre du jour ?

Il peut mener très loin. C’est sans doute pourquoi il est sans cesse repoussé.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.