Quand dans une grande nation comme la France l’extrême droite, comme jamais, est sur le point d’accéder au pouvoir, quand elle s’apprête à utiliser les prochaines élections européennes comme un tremplin pour franchir la dernière marche, à quoi pensent les partis de la Nupes en lui offrant le cadeau inespéré de leur division ?
Des listes séparées ne feront que démontrer que les partis politiques de gauche sont, pris séparément, des nains politiques tandis que le résultat de celle du RN apparaîtra comme le prélude du triomphe annoncé d‘un processus de lepénisation des esprits, entamé depuis bien des années et dont l’aboutissement sera l’élection présidentielle de 2027.
Rendez-vous sur les petits écrans pour la soirée électorale des européennes.
Le seul fait que les partisans des listes séparées, en régression sur les réseaux sociaux et dans l’opinion, se sentent obligés d’additionner des scores de nains pour péniblement atteindre 25 % ne fait que confirmer que l’union fait la force et que la division, annonce une défaite assurée.
Ils ignorent superbement la dynamique que produirait dans le monde du travail et de la création une liste d’union sur un projet commun. Celui, par exemple, adopté par les jeunes Verts, du PS, des Insoumis et de Génération.S.
La division risque de ne produire dans cet électorat qu’une abstention massive, nous le savons tous. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter ce qui se dit autour de nous.
A l’inverse, ils se refusent de voir toutes les raisons qu’a l’électorat frontiste de se mobiliser quand la victoire tant attendue lui apparaît si proche.
A qui les composantes de la Nupes feront-elles croire qu'à l'occasion de la prochaine élection présidentielle, elles feront le contraire du lamentable spectacle qu'elles nous offrent actuellement ?
La politique n’est pas l’arithmétique et les enjeux du scrutin européen qui arrive ne sont pas ceux des précédents lorsque la peste brune s’étend sur l’Union européenne et au-delà.
La tête de liste des Verts reconnaît honnêtement que le choix des listes séparées a pour seul objectif de tenter de modifier le rapport des forces à gauche pour après.
Les jeunes qui ont adopté un projet commun pour les européennes n’acceptent pas d’offrir le cadeau de leur division à l’extrême droite pas plus qu’au macronisme, cette autre forme de lepénisme.
Seuls les jeunes communistes vont devoir supporter ce fardeau dans les facs, les lycées et les entreprises.
Ils ne le doivent pas au classement Pisa sur l’enseignement des mathématiques en France mais au choix stratégique très majoritaire s’agissant des adhérents du PCF – mon parti- lors de ses deux derniers congrès, de toujours présenter des candidats aux élections présidentielle et européennes, quoi qu’il arrive, pour afficher une identité, telle que l’objectif de « L’Europe du bon sens » mis en avant par Léon, ancien jeune dirigeant de la JC qui a fait de Gorbatchev le responsable de l’effondrement de l’URSS.
Beaucoup n’ont pas le courage de Marie Toussaint en reconnaissant que leur position découle de ce choix stratégique de congrès et pas de l’addition de pourcentages ridiculement bas quand ils sont pris séparément.
J’en veux pour preuve l’annonce de Fabien Roussel qu’il sera candidat à l’élection présidentielle de 2027 avec l’objectif ambitieux de doubler son score de 2022, en atteignant enfin ces 5 % qui ont échappé à Ian Brossat, privant du même coup de députés communistes français le Parlement européen pendant cinq ans.
Ce n’est pas la meilleure façon d’y faire entendre son originalité, on en conviendra aisément. Prendre le risque que cela se reproduise pendant cinq longues années supplémentaires non plus.
Du coup, Ian a préféré devenir sénateur et mettre en avant prématurément les grands mérites de l’union avec Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris aux prochaines élections municipales, tout auréolée qu’elle est de son récent résultat lors de la dernière élection présidentielle.
L’union, à condition qu’elle soit à géométrie variable, aurait donc des mérites insoupçonnés, ou ne serait-elle que le renvoi d’ascenseur à celle qui a de façon décisive contribué à son entrée au Sénat ?
Un retour au réel ne saurait faire de mal quand les périls ont rarement été aussi élevés.
Vous l’aurez compris, c’est un vieux militant en colère qui s’exprime ici et qui ne s’habituera jamais à rester les bras ballants face au désastre qui se profile, quand il porte les habits du fascisme, qu’il soit ripoliné ou non.
Bonnes fêtes à toutes et à tous.