Lucien Atencia

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Billet de blog 26 février 2024

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Que la politique est belle !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les dirigeants de la FNSEA pratiquent la cogestion avec les gouvernements.

Jadis, on parlait de collaboration de classes, mais comme il paraît que la lutte de classes a disparu, alors que la société serait plus violente, la FNSEA est présentée comme responsable et réformiste alors que la Confédération  paysanne, comme la CGT, ne le seraient pas !

Aux élections aux chambres d’agriculture, un peu plus de 50% des votants lui accordent leurs suffrages tandis que dans certains départements, elle est le seul syndicat et que les agriculteurs doivent passer par elle pour obtenir un prêt.

Quel beau duo avec le Crédit agricole. Cette année, la banque a annoncé à ses actionnaires des résultats mirobolants !

Le président de la FNSEA est un magnat de l’agro, ce que les adhérents qui ne peuvent pas vivre de leur travail ne sont pas.

Il est donc totalement inexact de mettre tous les adhérents du syndicat majoritaire dans le même sac. Outre les agriculteurs membres des deux autres syndicats qui se partagent à égalité la moitié du corps électoral des chambres, de plus en plus d’adhérents et d’électeurs de la FNSEA sont en opposition avec la direction du syndicat.

Par ailleurs, ce dernier leur est indispensable pour exercer leur profession !

Ils ont été parmi ceux qui ont lancé la mobilisation actuelle, partie de la deuxième région agricole de France. Cette dernière  connaît, notamment dans l'élevage et la viticulture, une crise particulièrement profonde.

La région Occitanie est dirigée par Carole Delga, ancienne secrétaire d’Etat dans le gouvernement de Manuel Valls, depuis passé du PS à la macronie.

Elle est devenue discrète. Elle soutient de toutes ses forces la réalisation de l'autoroute A86 qui va réduire la surface des terres agricoles et la biodiversité, pour une poignée de minutes en bagnole gagnées.

Son mentor est partout, excepté, pour le moment, au gouvernement.

Résultat : ni la FNSEA, ni le gouvernement n’ont les mêmes opportunités de pouvoir orienter dans une impasse, comme ils le faisaient auparavant, la légitime colère paysanne, au profit des firmes que sont les grosses exploitations agricoles qui bénéficient de la part de loin la plus importante des subventions de la PAC, au détriment des fermes dont le nombre ne cesse de diminuer quand les suicides de leurs occupants sont quasi-quotidiens.

Devenir jeune exploitant agricole relève de l'exploit. Or, les départs en retraite vont se multiplier. Le sentiment d'être à la fin d'une histoire envahit la profession.

Tout cela a produit le fiasco de l’ouverture du Salon de l’agriculture, avec un gouvernement ligoté dans le modèle capitaliste de production, de consommation et de commerce international, sous l'égide d'une concurrence libre et non faussée, à laquelle l'Union européenne tient tant.

De l'Elysée à Matignon, on ne fait plus que de la propagande ce dont se rendent compte les agriculteurs qui, en conséquence, ont ressorti leurs tracteurs alors que Gabriel Attal, lui, claironnait avoir réussi à stopper l'affrontement.

La colère s'est alors aussi propagée dans les grandes firmes céréalières. Leurs cassettes étaient menacées.

L'inquiétude gagne les grandes surfaces qui se sucrent au passage. 

Emmanuel Macron accorde à juste raison une importance majeure aux élections européennes du 9 juin. Il ne pense qu’aux 90% de la population qui soutiennent la mobilisation d’agriculteurs, laquelle se singularise par une grande diversité des situations. Autant de facteurs possibles de divisions que le pouvoir s'efforce d'activer.

En campagne électorale, le président tente d’installer le duel avec l’extrême droite qui à deux reprises lui a permis de remporter l’élection présidentielle.

Banco a répondu Bardella avec un numéro de claquettes au deuxième jour du Salon.

Le RN peut être fier de lui, alors que ses députés au Parlement européen ont voté avec les macroniens tous les textes responsables de la situation actuelle.

Selon un sondage Ipsos que publie ce 26 février "Le Parisien", Attal et Bardella seraient, pour les élus de la nouvelle génération, ceux qui ont le plus grand avenir devant eux.

Que la politique est belle, encore plus quand la Nupes, divisée, est hors-jeu !

Elle doit sans doute avoir piscine.

C’est pourtant elle qui a porté la revendication des prix planchers, si populaire dans les campagnes.

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