Selon moi, le fait que le parti communiste français n'ait pas présenté de candidat aux deux dernières élections présidentielles, son "effacement" ne rendent pas compte de la crise qui affecte tous les partis communistes dans le monde, quand ils n'ont pas disparu, comme en Italie.
Cela ne permet pas de comprendre pourquoi les peuples ne se tournent pas vers le communisme pour envisager autrement leur sort, celui de notre civilisation, de notre planète et de sa biodiversité.
Le capitalisme a atteint un tel niveau de développement qu'il recèle les moyens d'une émancipation humaine qui ne soit pas un idéal inaccessible mais une réalité en marche. Mais, c'est la perspective inverse qu'il offre dans tous les domaines de la vie en société, celle des personnes, des animaux et de la nature.
Avec partout une montée des idées et comportements racistes, antisémites, xénophobes et belliqueux.
Alors que les solutions aux problèmes qu'affronte l'humanité appelleraient des mises en commun de plus en plus poussées et beaucoup plus de participations démocratiques, de libertés des individus, ces derniers sont sous l'emprise d'une propriété privée qui commande leur travail et leur vie.
Pour donner envie de communisme, il me semble qu'il nous faut d'abord avoir le courage de chercher pourquoi ce n'est pas le cas aujourd'hui. Pourquoi il est si souvent vécu comme un repoussoir.
De nombreux ouvrages en traitent. En effet, les philosophes et historiens ne manquent pas qui ont fait du communisme l'objet de leurs travaux. Certains ont disparu, tous ne sont pas membres du parti communiste et plusieurs d'entre eux font autorité dans le monde, parfois plus que dans leur pays.
Leurs écrits, qui s'efforcent d'ouvrir la voie à un post-capitalisme de notre époque, s'affichent de plus en plus dans les librairies. On ne peut en dire autant des aspirations de nos concitoyens. On ne peut en dire autant non plus de ce que proposent les partis communistes.
Les contributions des uns et des autres sont pourtant nécessaires, indispensables, celles de tous les citoyens qui de près ou de loin s'intéressent au devenir de notre société et à sa transformation.
Qu'ils soient membres du parti communiste, qu'ils l'aient été ou pas, qu'ils soient engagés dans la vie sociale, syndicale, associative, étudiante et culturelle...c'est de leur large confrontation, en toute liberté, qu'une chance pourra s'ouvrir de sortir d'une situation devenue à bien des égards irrespirable.
Ces idées me trottent dans la tête depuis un bon bout de temps. Je ne suis pas le seul et pas qu'en France.
C'est une phrase du discours que Fabien Roussel a prononcé dimanche dernier, Place Stalingrad à Paris, qui m'a poussé à écrire ce post. Que personne n'y voit la moindre volonté d'engager une polémique. Il n'a pour ambition que d'éclairer ce qui me préoccupe et d'aider à le comprendre.
La voici : "J'entends déjà les cris d'orfraie des libéraux, du Medef, des profiteurs de crise, me dire : « Mais votre droit universel au
travail, ces mesures que vous annoncez pour les jeunes, c'est le communisme. » Je leurs réponds : « C'est la République sociale. Et ce n'est qu'un début. Ne soyez pas si pressés ! ».
En clair, le secrétaire national du parti communiste français, candidat à l'élection présidentielle, dit que ce qu'il propose, ce n'est pas le communisme, mais une République sociale. Il indique aux libéraux, au Medef, ses adversaires de toujours, que le communisme n'est pas à l'ordre du jour, qu'ils devront attendre et qu'il n'est que le candidat d'une république sociale, de gauche.
Cette contradiction qui voit un candidat choisi par les membres de son parti pour promouvoir le communisme expliquer en réalité qu'il est le candidat d'autre chose parce que le communisme ne serait pas à l'ordre du jour, tous les pédécesseurs de Fabien Roussel l'ont assumée.
Qu'on ne s'étonne donc pas ensuite que le communisme, dont on ne parle pas et qui ne serait pas d'actualité, ne suscite que bien peu d'enthousiasme chez celles et ceux qui auraient le plus de raisons d'emprunter ce processus révolutionnaire de transformation de la société et de libération de toutes leurs capacités.
J'ai bien conscience de ne lancer qu'un petit caillou et d'espérer des retombées immenses. Mais allons-nous devoir nous résigner à un présent si dur, sans perspective, sans avenir et sans espoir ?