En deux jours, selon le ministre-bonimenteur Jean-Michel Blanquer, on est passé de 6 000 à 8 500 classes fermées.
Selon le professeur Gilbert Deray, ces chiffres sont largement sous-estimés. Or le gouvernement a décidé de casser ce thermomètre et de le remplacer par les tests de tous les enfants d’une classe dès qu’un cas positif est décelé. Seuls ceux testés positifs sont renvoyés chez eux pour une semaine.
En apparence, le dispositif est plein de bon sens et de pragmatisme. C’est oublier qu’il ne prend pas en compte la durée d’incubation du virus. Un enfant, testé négatif le lundi peut s’avérer positif le mardi ou le mercredi et ainsi contaminer ses camarades qui à leur tour pourront contaminer leur entourage.
Le dispositif a été testé dans plusieurs départements et très vite des laboratoires ont signalé qu’ils étaient dans l’incapacité de fournir l’énorme quantité de tests nécessaires.
Tout cela, personne ou presque n’en parle.
Pourtant, nous savons aujourd’hui, selon le professeur Deray de l'Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, que les enfants sont non seulement un vecteur essentiel de transmission des Covids -ce que les enseignants savent depuis longtemps avec la propagation de la grippe chaque année- mais aussi qu’ils peuvent contracter des formes graves, dont certaines apparaîtront sur le long terme. C’est ce qui conduit de nombreux épidémiologistes à préconiser la vaccination des très jeunes enfants, déjà engagée dans plusieurs pays.
Ce n’est pas le choix du gouvernement qui a décidé au contraire de la retarder.
J’ai du mal à croire que c’est pour « sauver les fêtes de Noël », moment privilégié de contamination dans les familles, comme nous l'avons constaté l'année dernière, avec le pic de janvier et le pari présidentiel.
Beaucoup de journalistes, notamment de la presse économique, mettent l’accent, eux, sur la nécessité de sauver la reprise exceptionnelle des affaires que connaît le pays. Quand on voit le comportement du MEDEF, en particulier sur le télétravail, on peut difficilement leur donner tort.
N’oublions pas qu’avant la reprise fulgurante de l’épidémie depuis quelques jours, nous avons eu droit à une campagne gouvernementale et médiatique, sur le thème : « Grâce au télé-président le plus génial de la planète, la France échappe à une reprise de l’épidémie qui affecte ses voisins, en particulier l’Allemagne ».
Un des premiers effets de cette campagne aura été de contribuer au relâchement de l’application des gestes barrières, le gouvernement et le premier ministre lui-même donnant le mauvais exemple. Avec une conception originale de l’exemplarité !
Il est vrai que tout ce petit monde a les yeux fixés sur le CAC 40 et les prochaines échéances électorales.
Silence dans les rangs !