Je comprends que la compatibilité avec Macron qu’affiche le secrétaire national du PCF, mon parti, en surprenne plus d’un. Elle se manifeste au moment où le président des riches et de la retraite à 65 ans subit un revers politique cinglant, reflet d’un rejet des citoyens que j’ai qualifié ici de phénoménal. C’est-à-dire au moment où cette compatibilité affichée peut être la plus utile pour diviser la Nupes dont Macron vient de démontrer qu’il la redoutait bien plus que l’extrême droite, son apposition préférée, à laquelle il avait reçu le mandat de barrer la route. Les citoyens, ceux de gauche et de l'écologie en particulier, qui pour ça avaient contribué de façon décisive à sa réélection, l'ont entendu mentir devant des millions de téléspectateurs en affirmant que c'était son projet qu'ils avaient approuvé. Si personne ne conteste sa légitimité, l'usage qu'il en fait n'en est que plus détestable. Fou qui lui accorderait sa confiance.
Lui, les forces économiques et financières qu’il représente, ne peuvent tolérer, depuis le tsunami du 10 avril, le retour d’une gauche de transformation sociale unie. Ils considèrent, à juste titre, qu’elle pourrait à terme mettre en péril leur domination et la mise en œuvre des projets les plus nocifs qu’Emmanuel Macron s'est gardé de dévoiler dans les campagnes électorales. Ce sens de la dissimulation n'a échappé à personne.
Cette compatibilité Macron-Roussel ne date pas d’aujourd’hui, mon blog en témoigne.
Je ne prendrai qu’un seul exemple, le vote au Parlement sur la gestion de la crise sanitaire du gouvernement d’Edouard Philippe, qui révéla la situation catastrophique de l’hôpital public et les pénuries qui le minaient. Déjà, à l’Assemblée, Fabien Roussel et André Chassaigne approuvèrent cette gestion, tandis que la totalité des sénateurs et la moitié des députés communistes votèrent contre, faits rarissimes dans mon parti.
Des camarades s’en inquiétèrent mais dans un Parti communiste, on ne critique pas ses dirigeants, sous peine d’être qualifié de traître ou de renégat. J’en sais quelque chose puisque la campagne électorale de Fabien Roussel, dont ma page Facebook a fidèlement rendu compte, m’a souvent conduit à constater qu’il préférait Macron à Mélenchon et à la Nupes, qu'il n'a cessé de critiquer depuis qu'il en est membre.
Il considère cette nouvelle Union populaire comme un simple accord électoral. C'est ce que disent de cette dernière les éléphants du Parti socialiste, François Hollande, Manuel Valls et Carole Delga en tête, la macronie, la droite et l'extrême droite. Il est cohérent que les élections passées et le groupe de députés obtenu grâce à la Nouvelle union populaire, Fabien Rousssel estime que le plus urgent est de la passer par dessus bord.
Les millions d'électeurs qui viennent de lui témoigner leur confiance et ainsi de bousculer le paysage politique ne l'ont pas fait pour ça. C'est aussi ce que considèrent les dirigeants du parti socialiste, des Verts et des Insoumis. Ils ont raison.
Comme toutes les périodes de ruptures, celle que nous vivons s'accompagne d'indispensables clarifications que ceux qui les redoutent qualifient de chaos parce qu'elles aident les citoyens à aller de l'avant et à être les principaux acteurs de changements qu'ils attendent depuis si lontemps. Nous ne sommes qu'au début d'un processus démocratique à l'issue encore incertaine mais que le monde du travail et de la culture peut investir avec confiance, les yeux ouverts, certes pour le préserver, mais surtout pour l'enrichir et lui donner sa pleine efficacité transformatrice. C'est à cela que, selon moi, devrait se consacrer le PCF afin que la Nouvelle union bénéficie d'un apport communiste original et créatif qui lui manque singulièrement.
Les chances de succès en dépendent.