A ma connaissance, c'est la première fois que la CFDT, ce syndicat dit réformiste, est signataire du texte commun d'une pétition qui dans les analyses qu'elle porte et les propositions qu'elle avance est non seulement en rupture du projet Macron-Bayrou mais également en rupture avec les choix faits par le PS à son dernier congrès.
Le texte de la pétition commune lancée par l’intersyndicale contient des phrases entières de la réaction de la secrétaire générale de la CFDT au plan Bayrou. Bravo aux autres syndicats de l'avoir permis ! Rien de tel pour élargir les mobilisations.
C'est une proximité avec le PS espagnol que j'y vois.
Que la CFDT fasse le constat qu'il n'y a rien à négocier dans le plan Bayrou n'est pas banal. Cela souligne à la fois son extrême gravité, le sentiment qu'il est profondément injuste, qu’il aggraverait la crise aux multiples dimensions que connaît le pays et qu'il va le plonger dans la récession.
L'activation d'un sentiment de peur, d'anxiété autour d'un contexte international effectivement anxiogène n'a pas permis, en dépit des moyens énormes mobilisés, de susciter l'adhésion de nos concitoyens. Les forces existent dans le pays pour inverser une dérive qui semblait inexorable. Une simple pétition lancée par une jeune femme, son triomphe en peu de temps, les enjeux de civilisation dont elle est porteuse constituent une très bonne nouvelle. Nous sommes des millions à pouvoir nous intéresser à l'activité politique à partir du moment où elle n'est plus le théâtre d'ombres inutile qu'elle est devenue.
La CFDT sent que le plan du gouvernement ne passe pas dans le monde du travail, de la culture, du sport et de la création, que la riposte annoncée par la CGT pour la rentrée risque fort de provoquer de fortes mobilisations unitaires. Elle ne veut pas être isolée et manquer le coche, d'autant qu'elle pense que les femmes et les jeunes vont y tenir une grande place sur des objectifs sociaux, de santé, de transition écologique, culturels et démocratiques de grande portée de civilisation.
Elle a raison.
Tous les partis sans aucune exception sont au pied du mur. Aucun ne peut faire le kéké et se dispenser d’autocritiques bienvenues qui sont attendues de longue date, produites par tous. Aucun ne peut se prévaloir de ne pas poser de problèmes à ses sympathisants. Tous sont en panne de recrutements et d'implantations. Ils ne sont pas des forces attractives pour la jeunesse.
Malheur à ceux qui ne tiendront pas compte de ce qui vient de se passer en quelques jours autour de deux pétitions qui n'est autre qu'un renversement radical de tendance.
Les contre-feux ne vont pas manquer mais nous nous sommes collectivement aguerris.
Les citoyens, les citoyennes, les jeunes prennent la main. Nul ne sait jusqu'où cela pourra aller. Le pouvoir se retrouve dans une situation qu'il a cherché à tout prix à éviter à l'approche des élections municipales. Il est pris à son propre piège. Ce qu'il redoutait, que la cohérence de sa politique de classe progresse dans les consciences, se produit. Ne pas le voir est une faute politique. D’une manière générale, ne pas voir dans l'activité publique ce qui a bougé et donc ne pas en tenir compte se paye comptant.