Les élections européennes qui viennent sont inédites à plus d’un titre et menacées d’une abstention massive de l’électorat de gauche et écologiste si la Nupes les aborde divisée. En face, phénomène inverse dans l’électorat de Macron et du RN. Voter, pour eux, présente un grand intérêt. Le premier joue sa capacité ou non de continuer à nuire et de produire ce que ceux qui l’ont porté au pouvoir attendent de lui. Très affaibli, il cherche à rebondir et, de martingale en martingale, ne sait plus où donner de la tête. L’extrême droite fasciste, raciste, xénophobe et antisémite se voit comme jamais au paradis. Tout roule pour elle.
Le niveau de la déception à gauche ne garantirait les 5% à aucune des composantes de la Nupes. Le différentiel de mobilisation risque d’être fatal dans ce type de scrutin à faible participation. Qui en parle ? Pas les médias qui préfèrent savoir quel est le parti de gauche qui pisse le plus loin. Peu leur importe voir ces derniers tous menacés de marginalisation comme le soulignait un récent article du "Monde". Situation qui était la leur avant que des citoyens mettent les pieds dans le plat et les obligent à créer la jeune alliance que Macron, le RN et LR ont hâte de voir disparaître.
Ignorer que ces élections européennes ne ressemblent pas aux autres aboutirait à laisser maîtres d'oeuvre ceux que, par millions, tous ensemble, nous avons combattus pendant des semaines.
Pourtant, cela saute aux yeux. Un an avant leur date, elles font déjà la « une » de l’actualité. Surprenant pour un scrutin qui traditionnellement ne passionne personne. Ce n’est pourtant pas l’élection des députés européens qui provoque cet intérêt inédit pas plus que l'évolution de l'Union européenne qu'aucun parti français ne propose plus de quitter.
Léon Deffontaines, pressenti pour conduire une liste communiste, n'en a pas dit un mot dans sa première longue interview sur Europe 1. Il n'a pas plus évoqué l'extrême droite, ce qui n'est pas fréquent pour un jeune. Ce qui domine et que s'efforcent de masquer les partisans de la division des forces de gauche, n’est autre que l’enjeu politique de la première élection nationale qui arrive après la mobilisation des retraites et la crise des banlieues.
Enjeu revalorisé alors que Macron ne pouvant pas se représenter, les esprits sont déjà tournés vers la prochaine élection présidentielle. Le temps électoral, raccourci par le quinquennat, subit une accélération qui confère aux européennes le rôle de tour de chauffe de la seule élection qui compte encore pour nos concitoyens, celle du président. Que cela plaise ou non.
Avec en toile de fond, la probabilité forte de voir l’extrême droite accéder au pouvoir, minimisée par les tenants d'une inversion des alliances à gauche et dans l'écologie politique, de crainte qu'elle fasse grandir l'aspiration à l'unité sur des projets transformateurs. Indissociable de la volonté de sanctionner le président méprisant, autoritaire et de la capacité ou non de voir la Nupes jouer la gagne pour garder des chances de remporter la prochaine élection présidentielle.
Venant après la leçon d’unité que continue de donner l’intersyndicale, alors que s’ouvre une période d'austérité accrue et d’autoritarisme d'Etat renforcé, la recherche du rassemblement et de l'union du monde du travail sur des objectifs qui changent la vie ne peut que grandir.
Refuser de l’entendre risque de se payer très cher. Qui est candidat au partage de la responsabilité d’une issue à l’italienne ?