Dans les partis politiques, l’élection présidentielle de 2027 mobilise déjà tous les esprits. Ce n’est pas encore le cas des citoyens mais le vacarme des médias va peu à peu les attirer vers une conception qui la réduit au rôle de casting d’un film de seconde série.
Le scénario en est presque bouclé, avec un couple tout désigné pour s’affronter au deuxième tour. Une des protagonistes y figurera pour la troisième fois avec des chances réelles de succès. Son habituel challenger étant absent pour cause d’interdit institutionnel, la compétition s’en trouve ouverte beaucoup plus précocement et toute la vie politique suit.
De ses résultats dépendront en effet ceux des élections législatives qui détermineront le niveau du financement public, lequel, pour une bonne part, permettra plus ou moins d’assurer la vie des appareils des partis politiques.
Les institutions et l’inversion des scrutins présidentiel et législatif ont été conçues pour assurer à celui ou celle qui remporte la présidentielle l’obtention d’une majorité de députés à l’Assemblée nationale.
Seul Emmanuel Macron n’a pas bénéficié de cette automaticité, ce qui fait de lui un président élu sans majorité.
Après notamment son passage en force de la réforme des retraites et sa façon de jouer avec une inflation qui vide les frigos et les caisses des associations caritatives pour en faire un objet de propagande sans le moindre résultat, le président méprisant et autoritaire a encore moins de soutiens dans le pays.
L’instabilité de la situation qui donne des boutons à beaucoup montre aussi que l’élection présidentielle, si les citoyens s’en mêlent bien en amont et bien en aval du jour du vote, peut modifier de nombreuses situations acquises sans pourtant qu’elle ait été victorieuse.
C’est à travailler à ce qu’elle le soit en 2027 que la Nupes devrait consacrer une part importante de son énergie. C’est mal parti !
Le présidentialisme est certes détestable. Il est une forme supérieure de l'électoralisme, portée à l’extrême quand le président est élu au suffrage universel. Mais avant de pouvoir changer de constitution, gagner la présidentielle est incontournable.
Or, seule la Nupes peut battre Marine Le Pen à condition que la jeune alliance se dote d'un projet transformateur commun, porté par une candidature unique. Les forces en présence, c'est la nouveauté de l'époque, se trouvent rassemblées en trois groupes d'importance à peu près égale, auxquels il convient d'ajouter le groupe décisif des abstentionnistes. Deux d'entre elles se disputent le même terrain, celui qui fait le miel de l'extrême droite.
Ce qui fera gagner la Nupes, c'est le caractère franchement transformateur, post-capitaliste de son projet, ce que certains nomment péjorativement sa radicalité, seule de nature à mobiliser celles et ceux qui, n'y croyant plus, s'abstiennent de plus en plus. L'eau tiède les encouragerait à poursuivre leur prise de distance, voire, pour certains, à tenter ce qui n'a jamais été essayé, le vote d'extrême droite.
Le présidentialisme est à la fois un obstacle de taille à la transformation et il s'impose aussi objectivement. A mon sens, Il ne peut être surmonté que par l'union et une construction citoyenne du projet. Par une conception inédite de la démocratie qui fasse des citoyennes et citoyens les principaux acteurs de leur devenir et de celui de la nation, dans l'Union européenne et le monde.
Il y faut une ambition et une volonté politiques qui n'animent pas les composantes des Nupes aujourd'hui. C'est le moins que l'on puisse dire.
Elle est née de la mobilisation de plus de sept millions d'électrices et d'électeurs lors du premier tour de la dernière élection présidentielle. Une mobilisation de même nature ferait aussi bouger les lignes dans les partis politiques. C'est un des enjeux les plus cruciaux des élections européennes de 2024.
Elles sont déjà dans l'actualité sans qu'il ne se dise un seul mot de l'Europe, excepté sur l’immigration ramenée à la longueur des barbelés pour s’en protéger. Elles sont comme un tour de chauffe de la présidentielle, ce qui pour tout le monde, et d’abord pour les populations, en renforce considérablement les enjeux. Encore conviendrait-il qu’ils ne soient pas dissimulés avec autant de persévérance.
L'unité de l'intersyndicale réaffirmée avec bonheur devrait aider à la recherche nécessaire, sans être suffisante, de l'unité. Arithmétiquement et politiquement, seule la gauche peut l'emporter, encore faut-il qu'elle atteigne le second tour, ce qui a failli, à un peu plus de 400 000 voix près, se produire la dernière fois, malgré l'opposition du PS, du PCF et des Verts. Ce n'est pas une opinion, c'est un fait.
Toutes les composantes de la Nupes voudront-elles se saisir de la chance de victoire qui s'offre à elles ? Sa mise en retrait annoncée clairement par Mélenchon y contribue. La sortie de son livre au titre évocateur d'un passage de témoin, "Faites mieux !", aussi. Pourquoi le taire après l'avoir tant espéré ?
Rien n'est joué puisque les citoyens ont le pouvoir de bousculer des situations très compromises.