Nombreux sont nos concitoyens qui sont confrontés à des situations très précaires et douloureuses. Pour leur porte-monnaie, les fins de mois arrivent le 15.
Je les côtoie, en Seine-Saint-Denis, à Bagnolet, la commune dans laquelle je réside depuis tant d'années. Les prochaines élections ne font pas partie de leurs préoccupations. La plupart n'en attendent rien.
Les plus politisés, qui ne sont pas ceux qui sont à dix euros près au milieu du mois, concentrent leur attention sur les sondages. Ils font des additions, des soustractions. Leur moral évolue en fonction des résultats de leurs observations.
Mais, en vérité, le moral n'y est pas. Il a été fortement entamé par les dernières décennies qu'ils viennent de vivre, celles où leurs espoirs se sont fracassés sur de terribles désillusions.
Et pourtant, l'extrême droite est aux portes du pouvoir. Ses conceptions, celles de la droite ont gagné beaucoup de terrain, d'autant plus qu'à de trop nombreuses reprises, la gauche leur a emboité le pas. De barrage en barrage suivis d'une irresistible ascension de l'extrême droite, même les réflexes salvateurs ont du plomb dans l'aile.
Cette pente, les progressistes ne la remonteront pas dans les semaines qui nous séparent de scrutins pourtant aux enjeux décisifs. Il ne faut plus se raconter d'histoires ni en raconter.
Certes, bien peu nombreux sont ceux qui apprécieraient un nouveau duo Macron-Le Pen. mais ce rejet ne produit pas les mobilisations qui permettraient d'écarter ce sinistre duo, mais aussi avec l'ambition de pouvoir vivre mieux. Il n'est que "contre" alors que seul le "pour" pourrait faire bouger les choses.
Vu du côté de nos compatriotes, seul ce "pour", ce projet transformateur, émancipateur pourrait leur redonner le goût perdu d'un engagement collectif dont ils auraient acquis la conviction qu'il peut servir à quelque chose, pour eux, leurs enfants, notre pays et notre planète.
Depuis le début de la campagne électorale, qui l'a vu ce projet ?
Pour ma part, je ne vois que des candidats qui empilent des propositions qu'ils promettent de mettre en oeuvre quand ils auront remplacé le télé président à l'Elysée. Ces propositions, on se demande bien pourquoi certains ont appliqué leurs conraires quand ils étaient au gouvernement, jusqu'à faire entrer Emmanuel Macron dans la place.
L'Elysée, devenu le symbole du pouvoir monarchique, aucun, même dans ses rêves les plus fous, n'y croit. Les électeurs, les électrices non plus.
Par contre, à l'abri de ces mêmes électeurs, en secret, des ordinateurs tournent, des réunions ont lieu, des négociations se déroulent, des accords se concluent avec pour seul objectif de sauver les meubles électoraux et les appareils des partis.
Bonjour la politique !
Peut-être, au début de la prochaine année, si les sondages en laissent entrevoir la possibilité, une dynamique pourra-t-elle naître qui pousse les uns et les autres à s'effacer au profit de celui ou celle qui apparaitra le ou la mieux à même, à ce moment-là, pour le seul objectif commun, de barrer la route, cette fois dès le premier tour, à l'extrême droite et à la droite. Rien n'est moins sûr, il y a beaucoup de "si", mais on se raccroche à ce qu'on peut. Du moins est-ce mon cas.
Pessimiste ? Certes, mais réaliste aussi, car pour moi, si à nouveau, le cycle infernal des illusions suivies de désillusions s'installait, la prochaine fois, nous ne pourrions plus empêcher le pire.